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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/392

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prévenir par-là toute communication du feu.

Il s’agit actuellement de rompre ce terrain ; mais auparavant il faut examiner dans quel climat on se trouve, attendu que la manipulation d’un pays ne convient point à un autre. Par exemple, dans les parties des provinces méridionales où l’on n’éprouve point ou presque point d’hiver, le sol doit être ensemencé dans le courant de septembre & au plus tard dans les premiers jours du mois d’octobre, sur tout si on s’attend à une pluie prochaine, parce que l’herbe a le temps de croître & de prendre une force suffisante pour résister aux légers froids de janvier & de février. Si au contraire dans ces climats on attendoit la fin de février ou de mars pour semer, les plantes lèveroient, il est vrai ; mais comme depuis le mois de mai, jusqu’en octobre suivant, les pluies sont excessivement rares, ces jeunes plantes seroient desséchées jusqu’à l’extrémité de leurs racines, & complètement dévorées par la sécheresse & la chaleur de l’été. On objectera sans doute qu’on a la facilité de donner l’eau à cette prairie naissante, j’en conviens, mais on ne doit y conduire l’eau que lorsque la terre est tassée par les pluies & qu’elle est couverte de verdure, autrement cette eau entraìneroit toute la terre. Au contraire, si on a semé au commencement d’octobre, en avril & mai suivant, la terre soulevée par le travail, lors du semis, aura eu le temps de se tasser par le secours des pluies d’hiver, & d’avoir toutes ses parties liées par les racines des plantes qui recouvrent entièrement la superficie ; alors les irrigations n’occasionnent aucun dommage & le succès de la prairie est assuré.

Dans les provinces du centre & du nord du royaume, où les froids se font sentir de bonne heure, & où leur intensité est considérable pendant les mois de janvier & de février, on sent bien que toutes les plantes semées en automne, quoique de nature vivace, n’auroieni pas la force de supporter les rigueurs de l’hiver, & que si elles n’y succomboient en totalité, elles en seroient considérablement altérées ; de cette différence de climat doit donc de toute nécessité naître un ordre différent de travail.

Des auteurs ont dit qu’on devoit travailler pendant seize mois le sol destiné à être converti en prairies, afin qu’il fut complètement émietté. Je conviens que jamais le labour n’est perdu, mais pourquoi multiplier la dépense qui ne mène pas au but que l’on se propose ? Supposons que depuis le moment de la récolte on ait donné 4, 5, 6 labours profonds, s’imagine-t-on que les pluies d’hiver n’auront pas fait tasser cette terre ! On se tromperoit sans doute, & le premier labour après l’hiver, en divisant & soulevant la terre par mottes, prouveroit l’erreur. Il faut cependant convenir que cette terre ainsi préparée, sera moins tenace, qu’elle aura été plus divisée par la gelée, mais jamais assez pour prévenir son tassement & tenir les molécules soulevées au point que le sol destiné à une prairie, l’exige. Pour trop prouver on ne prouve rien, on décourage le cultivateur qui craint avec raison l’excès de la dépense.

Dans l’un & dans l’autre climat