Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/405

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meilleure pour l’irrigation ; ainsi que celle qui s’échauffe promptement & refroidit de même ; les deux premières propriétés sont les plus caractéristiques, & le plus à la portée de la connoissance du simple cultivateur. Sur cet article, comme sur celui des effets du degré de froid ou de chaleur, consultez ce qui a été dit sur le mot Arrosement, essentiel ici. Il suffit d’y ajouter quelques détails extraits du Traité de l’irrigation des prés, publié par M. Bertrand.

« Les eaux ferrugineuses & vitriolique sont sans contredit les plus mauvaises eaux pour l’arrosement ; ce sont celles qui dans leurs cours ont rencontré des parties assez dissoutes par l’acide vitriolique, pour se mêler & s’incorporer avec l’eau.

» Les eaux martiales, à la vue, à l’odorat & même au goût, n’ont rien de particulier ; elles ne sont pas nuisibles à la santé, & sont même employées avec succès par les médecins pour détruire les obstructions ; mais elles sont souvent préjudiciables aux terres ; au lieu de les diviser & de les ameublir, elles les durcissent, en augmentent la ténacité, & charient dans les vaisseaux des plantes, des parties contraires à la végétation.

» Les eaux vitriolique lui sont toujours nuisibles ; l’activité de leur acide fait périr les plantes qu’elles touchent, on les reconnoît en y jetant des noix de galle pilées ; le mélange noircit sur le champ ;… les eaux qui ont coulé sur des pyrites sont ordinairement très-vitrioliques & constamment pernicieuses à la végétation.

» Toutes les eaux minérales ne sont pas dans le même cas ; leur effet dépend de leur qualité, de la quantité du minéral dissous, de la nature de la dissolution & du mixte qui l’a occasionnée».

» Il n’est pas rare de voir un ruisseau très-fertile dans un certain temps, être très-nuisible dans d’autres ; cette différence vient de ce qu’il s’y mêle, après de grandes pluies, des eaux étrangères, chargées de parties hétérogènes & nuisibles ; au bout de quelques jours, on voit disparoître la rouille qui couvroit les cailloux arrosés par le ruisseau ; une mousse du plus beau vert en prend la place, & ainsi alternativement ;… quant aux eaux sulphureuses, elles ne sont pas pour l’ordinaire pernicieuses ; mais en voilà assez sur les eaux minérales.

» Celles que l’on nomme pétrifiantes, sont très-funestes aux prés ; ce sont celles qui chargées de sucs lapidifiques, d’un sable glutineux très-fin, ou de substances topheuses, les déposent sur les lieux qu’elles arrosent ; ces parties, enveloppent quelquefois les tiges basses des plantes, se rassemblent, se durcissent & détériorent la qualité du foin, en même temps qu’elles rendent le terrain stérile & mousseux. Je mets au troisième rang des mauvaises eaux, les eaux marécageuses. J’appelle de ce nom, non-seulement les eaux croupissantes, mais encore les eaux de sources & de ruisseaux, qui, arrêtées dans leur cours, sur des terres basses, visqueuses, glutineuses, perdent leur propriété végétative, & se corrompent dans le repos. Les eaux de cette nature ne valent rien pour l’arrosement des prés, si elles ne sont corrigées par le mouvement ; c’est-à-dire, en leur redonnant un cours