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du porteur. La fonction de ces ouvrier est de porter le marc de la cuve au pressoir, de rapporter sa banne vide qu’il remet aux ouvriers de la cuve pour la remplir de nouveau ; mais en attendant il prend sur ses épaules celle qu’ils ont préparée d’avance, & ainsi de suite jusqu’à la fin.

De la manière dont le porteur vide le marc sur le pressoir, & sur la pressée à mesure qu’on la monte, dépend en grande partie son succès. Il faut qu’il la verse doucement, & pour cet effet un des deux hommes qui travaillent sur le pressoir, prend une des cornes ou manettes de la banne, le porteur tient l’autre, & tous deux vident doucement. Les deux ouvriers placés sur la maie du pressoir sont uniquement occupés à ranger le marc lit par lit, & à élever la pressée jusqu’à la fin.

Avant de commencer à charger le pressoir, les ouvriers déterminent la largeur & la longueur que doit occuper le marc, c’est-à-dire, qu’ils ne prennent que les deux tiers de la superficie de la maie, parce qu’ils savent qu’à mesure que la vis pressera, le marc s’aplatira & s’élargira, enfin, que sans cette précaution le marc déborderoit la maie & une partie du vin couleroit sur le sol. Quelques-uns tracent leur quarré avec de la craie, de la sanguine, &c. afin de fixer la première assise du marc. Cette précaution bonne en elle-même, est très-inutile pour l’ouvrier accoutumé à ce genre de travail. D’autres se servent d’une ficelle ou petite corde fixée sur les quatre faces de la maie, & ils remplissent le quarré qui reste dans l’intérieur. Toutes, ces précautions ne sont utiles que pour la première mise du marc ; une fois l’alignement donné, il est facile de monter la pressée quarrément. S’il y a peu de vendange, on la tient plus étroite, & plus ou moins large s’il y en a beaucoup. Il vaut mieux que le marc gagne en hauteur qu’en largeur, parce qu’il est bientôt aplati, & dans ce cas, si l’on ne charge pas la pressée de pièces de bois a b i, Fig. 2, Planche XXVI, la vis est trop fatiguée & on court risque de la rompre.

Lorsqu’on a fait égrainer ou égrapper le raisin, (consultez ces mots) il est plus difficile de bien monter une pressée, attendu qu’il ne reste presque plus de liens dont la grappe tenoit lieu ; mais il est facile d’y suppléer avec de la paille de seigle un peu longue. À cet effet, on commence à étendre sur toute la superficie de la maie un lit mince de cette paille, & qui, s’il se peut, doit déborder la maie ; c’est sur ce lit qu’on établit ainsi qu’il a été dit, la première mise du marc ; la portion excédante de paille trouvera bientôt la place qui lui convient.

À mesure que le porteur vide le marc sur le pressoir, les deux ouvriers l’arrangent d’équerre sur la paille ou sur la maie simplement, si on a laissé la grappe ; ils piétinent ce marc afin qu’il rende en grande partie le vin qu’il contient ; mais, ils piétinent beaucoup plus fortement toute la circonférence sur la largeur d’un pied que le milieu. Cette circonférence représente l’extérieur d’un bastion & en tient lieu. Lorsque lit par lit le marc est parvenu à la hauteur de 8 à 9 pouces, les ouvriers replient toute la paille qui couvroit ou excédoit la maie, la retroussent