Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/514

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la bénigne action de la lumière, dès-lors les mamelons placés dans l’écorce s’oblitèrent & se dessèchent ; enfin, il ne peut plus percer de boutons à bois pour renouveler ce vieux fouillis de rameaux ; enfin, on condamne l’arbre au feu, parce que ces fleurs, quoique très-multipliées n’aoutent plus, ou en si petite quantité que le produit ne paye pas les frais de la taille & l’intérêt de la place que l’arbre occupe.

On peut remédier à ce second défaut, de trois manières ; la première en coupant l’arbre à un pied au-dessus de la greffe & recouvrant aussi-tôt la plaie avec de l’onguent de Saint-Fiacre. L’expérience de tous les temps a prouvé que si l’arbre conserve encore assez de force, de nouveaux bourgeons s’ouvriront un passage à travers l’écorce de la partie du bois qui reste ; cependant on voit souvent, lorsque l’arbre est trop épuisé, qu’il ne repousse pas du tout. Si au contraire il pousse bien, on choisira dans le temps, les quatre plus beaux bourgeons s’ils sont bien placés & on supprimera tous les autres. S’il ne se présente que deux bons bourgeons & bien placés, les autres seront également supprimés ; & ces deux bourgeons, chacun taillés à deux yeux après la chute des feuilles, & lorsque le bois sera aouté, produiront l’année suivante les quatre mères branches sur lesquelles on doit ensuite établir l’arbre. S’il n’y a qu’un seul bon bourgeon, les autres seront également abattus. L’année suivante on taille à deux ou quatre yeux suivant sa force, enfin on opère comme il vient d’être dit pour établir les quatre mères branches. C’est ici le cas de se garder bien de ravaler ces premiers jets, bien placés & bien disposés ; on doit leur laisser toute leur longueur ; mais leur pointe est menue, foible, fluette, on la recouvrira jusqu’à l’endroit où le bourgeon aura une bonne consistance. Ici les trop grands ravalemens sont bien plus à craindre que sur les jeunes arbres, puisqu’on travaille sur un arbre vieux & très-épuisé.

Ce n’est qu’à la dernière extrémité que l’on doit recourir au recépage du prunier par le pied. Pour peu que les mères branches soient encore bonnes, il vaut mieux s’attacher à supprimer une grande partie des vieux rameaux & à raccourcir les autres à 3 ou 4 pouces près du tronc. On sacrifie par-là, en tout ou en partie, la récolte du fruit pendant un an ou deux ; mais on renouvelle, on rajeunit l’arbre & on le force à produire des bourgeons de ses anciennes branches. De tels bourgeons sont très-précieux, puisqu’à la taille d’hiver, on supprime la partie de la branche qui leur est supérieure & ils la remplacent. Dans le ravalement total des rameaux, il arrive que plusieurs meurent entièrement, on les abat dès qu’on s’aperçoit de leur inutilité ; les voisins les remplacent ; & il vaut mieux avoir quelques vides pendant un an ou deux, & renouveler l’arbre dans toutes ses parties : on fera très-bien encore de supprimer, suivant le besoin, un bon nombre des branches secondaires, ce qui forcera la séve à se porter en plus grande abondance, dans les anciennes, dans les boutons que l’on laisse aux rameaux raccourcis, & la majeure partie de ces boutons à fruit se métamor-