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Méthode pour conserver en hiver un prunier vert & frais avec ses feuilles & ses fruits, au milieu d’un jardin ou d’un champ.

Cet article est tiré du Journal Économique du mois d’avril 1754, page 167 ; comme je n’ai pas répété cette expérience, je me contente de la transcrire, sans me permettre aucune réflexion, quoique le succès en paroisse douteux. « Choisissez dans votre verger un prunier bien chargé de fruits ; entourez-le d’un treillage de bois, formé de lattes & de contre-lattes, & couvert de même ; couvrez ce treillage de foin bien sec & de l’épaisseur de 8 à 10 pouces ou même davantage, de manière que tout le treillage ne ressemble plus qu’à un tas de foin : il faut observer que les prunes de l’arbre choisi pour cette opération, ne soient pas entièrement mûres, mais qu’elles commencent seulement à devenir un peu bleues. On laissera au bas du treillage une ouverture à pouvoir passer le corps, laquelle on fermera d’une ou deux planches que l’on couvrira de foin comme le reste de l’ouvrage : s’il tombe de la neige sur le foin, il ne faut pas l’enlever, parce qu’elle conserve la chaleur intérieure qui maintient la fraîcheur & la verdure de l’arbre, & au moyen de laquelle les prunes parviennent peu à peu au point de leur maturité, de manière qu’au milieu de l’hiver vous pouvez en entrant sous le treillage cueillir des prunes toutes fraîches avec des rameaux verts.


PRUNELLE-PRUNELIER. Tournefort & Linné placent celui-ci dans la même classe que le premier, dont il est une espèce, Tournefort l’appelle prunus silvestris, & Linné, prunus spinosa ; il diffère de nos pruniers par ses fleurs plus petites, ses fruits moins gros, plus arrondis & plus fermes ;… par ses feuilles en forme de fer de lance & petites ;… par son port puisque c’est plutôt un arbrisseau qu’un arbre même de la troisième classe ;… ses tiges & ses rameaux sont épineux ;… ses fleurs solitaires & disposées en grappes, & ses feuilles alternativement placées sur les bourgeons : il fleurit communément en avril, & son fruit n’est bien mûr qu’en octobre.

Les fleurs ont une odeur aromatique & douce, la saveur en est un peu amère, celle du fruit est acide, austère même à sa parfaite maturité.

Le plus grand usage qu’on fait du prunelier, est pour en former des haies ; elles deviennent, si elles sont bien conduites, aussi impénétrables que celles faites avec l’aubepin. Le défaut de cet arbrisseau est de se dégarnir par le bas ; mais on y remédiera facilement si on se conforme à ce qui a été prescrit à l’article haie.

On prépare avec son fruit vulgairement nommé pelosse, une boisson dont se désaltère le pauvre peuple. Eh ! qui le croiroit ? Le cultivateur, dans la majeure partie des pays de vignobles de France, celui qui pendant toute l’année cultive la vigne, est réduit à boire du vin de grappe ou petit vin (consultez ce mot) ou du vin de pelosse. Le prunelier croît dans toutes les haies, excepté dans les provinces méridionales, & les haies sont très-multipliées près des grandes villes.