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L’ensemble forme une tête chevelue qui joue au moindre vent. C’est un panache purpurin fort agréable.

Feuilles : découpées ou bipinnées & velues, portées sur de longs pétioles velus & rougeâtres à leur base.

Racine : un peu alongée, grosse vers le collet comme le doigt, & chevelue.

Port. La tige ronde, droite, creuse, nue jusqu’à l’involucré qui l’embrasse aux deux tiers environ de sa hauteur, & qui est divisée comme une fraise ; haute de 8 à 10 pouces, verte & velue comme les feuilles. Une fleur solitaire est portée au haut de la tige ; elle fleurit au printemps, périt en hiver jusqu’au collet ; la racine est vivace.

Lieu. Les bois, les montagnes, les lieux incultes & élevés du côté du nord ; on la cultive dans les jardins à cause de ses variétés ; difficile à élever dans les pays chauds.

Propriétés. Un peu amère dans toutes ses parties, principalement dans les feuilles en vigueur, qui sont aussi un peu âcres & nauséeuses. Cette plante passe pour être incisive, détersive, vulnéraire, &c.

Usages. Elle est peu employée dans la médecine : quelques maréchaux s’en servent. Cependant les feuilles écrasées & appliquées sur la peau, sont un bon rubéfiant, elles excitent des ampoules. En cette qualité le peuple en fait un topique en épithème contre les fièvres ; La racine qui est moins âcre, peut servir de sternutatoire & de salivaire. L’eau distillée de coquelourde a réussi quelquefois à déterger les vieux ulcères ; elle est cependant presque insipide. Intérieurement, c’est un remède dangereux, s’il n’est ordonné par un médecin prudent. On en a recommandé l’extrait pour guérir de la folie & des écrouelles. Les fleurs de cette plante entrent dans l’eau hystérique de la Pharmacopée de Paris.

Il est une autre pulsatille d’usage, qu’il ne faut pas confondre avec la précédente ; on la distinguera, sur-tout quand elle est en fleur, par les caractères suivans.

Tournefort l’a nommée d’après C. Bauhin, pulsatilla flore minore nigricante. Linné l’a appelée anemone pratensis. Ce nom trivial ou spécifique est bien capable d’induire en erreur, puisque plusieurs anemones se trouvent dans les prés comme celle-ci. Tout médecin qui ne sera pas botaniste, (& combien ne le sont pas quoiqu’ils prescrivent des simples (voyez ce mot) qu’ils ne connoissent pas ! cette idée fait frémir,) croira avoir trouvé sur ses pas dans le premier pré la pulsatille tant vantée de nos jours pour la cure des maladies psoriques, tandis qu’elle est très-rare. J’avoue qu’avant d’avoir connu cette plante & ses propriétés je m’y suis trompé moi-même en croyant que ceux qui annonçoient ce spécifique s’étoient trompés dans la dénomination de la plante, & qu’ils avoient voulu parler de la pulsatille ordinaire, la seule qui eût été jusqu’ici de quelque usage. Je saisis cette occasion pour relever l’erreur qui s’est glissée dans la note que j’avois fait insérer à ce sujet dans la Gazette de Santé, n°. 32, année 1782. La suite de cet article va servir de correctif à la fausse note, & d’explication sur la plante qu’il faudroit dorénavant désigner par le nom de pulsatille noirâtre ou de Storck, pulsatilla nigricante & non par anémone des prés, ni par