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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/556

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RACHITIS. Médecine rurale. Maladie qui attaque les os des enfans, y cause des protubérances, des courbures, & des difformités, & que l’on connoît aussi sous les noms de chartre, ou nouure des enfans.

Le rachitis n’a pas été connu dans les premiers temps de la médecine. Hippocrate n’en fait aucune mention. On ne trouve aucune preuve, aucun témoignage, que cette maladie se soit jamais montrée chez les anciens grecs, ni chez les anciens romains. On ne la voit en effet décrite, ni dans Celse, ni dans Galien, ni dans Cœlius Aurelianus, ni dans Paul d’Égine ni dans Arétée. Elle n’a été d’abord connue qu’en Angleterre où elle a pris naissance vers le milieu du seizième siècle, & Clisson, médecin anglois, est le premier qui en a donné l’histoire, & qui nous a appris qu’elle commença à exercer ses cruautés dans les provinces occidentales d’Angleterre, & qu’elle étendit ensuite ses ravages sur tous les pays septentrionaux de l’Europe. Les enfans furent les seules victimes que cette maladie immola à sa fureur. Le rachitis est aujourd’hui regardé comme une maladie endémique dans les pays du nord ; les provinces méridionales de la France n’en sont point exemptes. On n’a pas encore pu découvrir comment elle y a été transmise : elle y est devenue très-commune, & on peut assurer, sans craindre de se tromper, qu’il y a bien près du quart des enfans, depuis leur sixième mois, jusqu’à trois & même cinq ans, qui en sont infectés.

Le rachitis est une maladie terrible pour les enfans. Le plus grand nombre de ceux qui en sont atteints, succombe : l’art peut y apporter quelque remède, & la combattre souvent avec quelque avantage. Mais pour y parvenir, il est de la plus grande utilité de connoître les différens symptômes qui la caractérisent & l’accompagnent. Pour l’ordinaire, les enfans rachitiques ont les facultés de l’ame développées de bonne heure, un esprit vif & pénétrant, & de l’intelligence ; ils saisissent avidement, & conçoivent parfaitement bien tout ce qu’on peut leur dire de relatif à leur âge ; ils ont enfin les organes des sens bien disposés ; leur teint est fleuri, la face pleine & bien nourrie ; la tête fort grosse, nullement proportionnée aux autres parties du corps qui sont maigres, exténuées, & pour ainsi dire atrophiées. Il y a toujours chez eux une tendance d’humeurs vers la tête ; aussi ont-ils les veines jugulaires & les artères carotides très-saillantes. La fontanelle reste long-temps ouverte, les jointures se nouent & se courbent plus souvent autour des poignets que près des malléoles. Les côtes font une saillie & se courbent aussi-bien que l’épine du dos ; & ce vice très-considérable dans cette dernière partie, rétrécit la poitrine par derrière, & la porte en pointe sur le devant.

À tous ces symptômes se joignent par la suite la pâleur & la bouffissure du visage ; le ventre se porte en dehors ; la peau ne tarde pas à devenir flasque, à perdre sa couleur naturelle, & à retenir l’impression des doigts quand on la touche. Les jointures des os