Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/563

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sembloient auparavant ne devoir faire qu’un ensemble & qu’un seul & même corps. L’œil ne pouvoit distinguer, au moins d’un côté, dans le noyau d’abricot amer, dans l’amande amère, &c. les sutures qui unissoient les deux coques ; mais à mesure que le bois s’imprègne de l’humidité de la terre, ou si l’on place le noyau d’abricot & le haricot dans un verre plein d’eau ; enfin, si le point de la chaleur est convenable à la germination, alors les deux lobes de l’amande s’enflent, remplissent tout le vide, la gomme interposée entre les sutures mamelonnées des deux coques, se dissout, & ces deux coques poussées par le gonflement successif du noyau, & par les efforts continuels de l’air qui se dilate, se séparent d’elles mêmes & sans effort ; enfin, le noyau paroît tel qu’il est représenté Figure I, Planche XXXVII. Le voilà donc dépouillé de son enveloppe ligneuse, dans son premier point de liberté & de germination. A, représente le germe qui commence à se développer.

Ce germe A est le rudiment de la première racine qui, dans cet état, reçoit le nom de radicule, & de quelque manière que soit placé le noyau, la graine, &c. cette radicule s’incline & se prolonge perpendiculairement en terre, comme on le voit en K, Fig. 3. L’origine de cette radicule correspond dans le haricot à l’ombilic par lequel le grain tient dans le légume ou cosse, & par où il tire sa nourriture. Elle se prolonge par une courbure H, Fig. 3 jusqu’à son sommet ; là, elle se partage en deux, & chaque partie est implantée dans la chair de chaque lobe II, où elle s’épanouit par deux troncs de vaisseaux qui nourrissent ces lobes ou cotylédons. (Consultez ce mot très-essentiel ici, ainsi que la Figure 2 de la Planche XV, page 511 du second Volume, qui représente la tige d’un pois, quinze jours après ou environ que la graine a été mise en terre.) Ces cotylédons deviennent un dépôt, précieux de sucs propres à alimenter la plantule qui sortira de terre avec eux. La Figure 2, représente la radicule au moment où les deux cotylédons commencent à s’ouvrir. Dans l’abricot, la pêche, la châtaigne, &c. &c. le germe ou radicule est placé au sommet.

Si on considère actuellement la continuation de soins, de peines & de travail de la nature pour produire & perfectionner l’organe par lequel les individus doivent se perpétuer, avec quelle attention elle a conservé cette radicule, ce rudiment de la plante, on ne concevra pas par quelle bizarrerie, par quelle ignorance grossière des loix de la végétation, tous les jardiniers suppriment cette précieuse radicule, quand par sa croissance elle est devenue le pivot ; cette seule dénomination de pivot auroit dû leur indiquer son importance.

La nature suit la même marche dans la germination de toutes les graines ; c’est toujours la radicule qui s’élance la première ; elle sert à fixer la plante dans la terre, & à y pomper les premiers sucs dont elle a besoin. Toutes les racines qui pousseront par la suite sont de simples développemens de la radicule dans laquelle elles étoient renfermées.