Section première.
Des différentes espèces de Racines.
On peut diviser en trois classes toutes les racines ; elles sont ou bulbeuses, ou tubéreuses, ou fibreuses.
i. Des racines bulbeuses. Tout ce que l’on connoît sous la dénomination d’oignon, compose cette division ; mais tous les oignons n’ont pas la même texture, ils se ressemblent par un point seulement, par leur base, formée d’une portion charnue, vulgairement nommée la couronne D D, Fig. 6, d’où partent les racines B B, fig. 4, 5, 6, proprement dites, & où naissent les cayeux qui renouvellent, multiplient & perpétuent l’espèce, après que la plante a fleuri & produit sa graine ; alors la bulbe a rempli sa loi de végétation. Cet oignon de tulipe, de jacinthe, &c. dont la fleur a mérité les hommages des curieux, périt & ne vit plus que dans ses enfans.
Les bulbes ou oignons écailleux formés par des écailles placées en recouvrement les unes sur les autres, & dont la base est implantée dans la couronne, entrent dans la première division. Le Lys en fournit un exemple, Fig. 4. Chaque écaille détachée avec soin, confiée à une terre légère & bien ménagée, est en état de produire une bulbe, enfin un oignon qui donnera sa fleur dans le temps.
La seconde division comprend les bulbes ou oignons solides, c’est à dire, dont la substance charnue ne paroît pas divisée par couches ou par écailles.
La troisième, les bulbes composés de tuniques, Fig. 6 Tel est l’oignon cultivé dans les jardins potagers.
Que les bulbes soient à écailles ou à tuniques ou solides, l’expérience prouve qu’elles contiennent beaucoup d’eau de végétation, & que plusieurs d’entre elles sont susceptibles d’attirer l’humidité de l’air, & de s’en nourrir au point qu’elles poussent leurs feuilles, leurs tiges & leurs fleurs sans le secours de la terre. Tel est, par exemple, l’oignon de Squille ou de Scille qui, suspendu à un plancher, donne une tige souvent de six pieds de longueur. Cette propriété d’absorber l’humidité de l’atmosphère, prouve que les plantes bulbeuses n’aiment pas les terrains aqueux, elles y pourrissent. L’expérience de placer des oignons de fleurs dans des carafes presque pleines d’eau, semble contredire cette assertion. Il suffit de s’entendre, & il n’y aura plus de contradiction ; si l’eau de la carafe couvre continuellement l’oignon jusqu’à l’œil, l’oignon pourrira sans presque avoir poussé aucune racine ; si au contraire l’eau n’environne que la base, il sortira de la couronne beaucoup de racines blanches & toutes d’une venue, & les boutons renfermés à la circonférence de la couronne, se développeront & produiront leurs cayeux. Voici une jolie expérience que l’on peut répéter, avec les oignons de jacinthes. Je pense qu’elle réussiroit également avec ceux de narcisses ou de tulipes, si le vase a une profondeur suffisante ou proportionnée à la longueur dont doit être la tige. Prenez une carafe de verre que vous