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remplirez d’eau ; sur sa surface fixez une lame mince & en plomb ou en fer blanc ; pratiquez dans le milieu de cette lame une ouverture de largeur proportionnée au diamètre de l’oignon, de manière que la moitié seule de l’oignon puisse tremper dans l’eau. Tout étant ainsi préparé, placez l’oignon, l’œil dans l’eau, & la couronne restera à l’air. Cet oignon ainsi renversé, ne produira point de racines par la couronne, l’œil s’ouvrira peu à peu, les feuilles s’allongeront dans l’eau ainsi que la tige, & les fleurs s’y épanouiront ; les unes & les autres ne perdront qu’un peu de leurs couleurs.

2. Des Racines tubéreuses. Elles sont ainsi nommées du mot tubercule, tuber en latin, & truffe en françois. La racine tubéreuse est un corps charnu, solide, dur, ordinairement plus gros que la tige.

Des tubercules d’une seule pièce. La pomme de terre, le topinambour, la patatte en offrent l’exemple. Chaque œil de ces racines produit une tige, soit qu’on conserve le tubercule en son entier, soit qu’on le partage par œilletons. Cette espèce de racine se rapproche des bulbeuses en ce qu’elle produit des filamens ou des racines simples & fibreuses. La patte d’anemone, ainsi nommée par les jardiniers, peut être regardée comme un tubercule d’une seule pièce, ainsi que le tubercule des cyclamens, &c.

Des tubercules de plusieurs pièces, réunis par un seul point. Ces racines diffèrent des précédentes par leurs tiges qui partent du même endroit où le fait la réunion de tous les tubercules ; ainsi qu’on le voit en A, Figures 11 & 12, La première représente une griffe de renoncule, & la seconde les testicules d’un orchis. Les griffes poussent des racines par leurs extrémités inférieures, & celles des testicules naissent du collet des tiges. On peut placer dans cette division les pattes d’asperges, &c.

Des tubercules séparés, mais réunis par des filets. La Figure 7 en offre un exemple, & représente les racines de la filipendule ou reine des prés ; AA, sont autant de petits grains ronds, charnus, qui paroissent disposés sur un filet comme les grains d’un chapelet.

3. Des Racines fibreuses. Elles sont ou charnues ou elles doivent devenir ligneuses.

Les navets ont des racines charnues Figure 8, que l’on nomme fusiformes à cause de leur ressemblance à un fuseau. Les raves, Fig. 13, sont appelées napi-formes ; mais le corps charnu des unes & des autres pousse des racines connues sous le nom de fibreuses, parce qu’elles ressemblent à des fibres, à des fils, &c.

Les autres racines sont à la vérité fibreuses dans leurs premiers principes, mais elles deviennent ligneuses par progression. Telles sont celles des arbres, des arbrisseaux &. même de quelques plantes vivaces.

La radicule K de la Fig. 3 est l’origine du pivot B Fig. 9 qui s’enfonce perpendiculairement en terre, tant qu’il ne trouve aucun obstacle à sa progression. S’il s’en présente un, alors il suit la direction de cet obstacle, & s’il parvient à son extrémité, il s’enfonce alors de nouveau, & reprend son prolongement perpendiculaire. Voilà la racine ligneuse du premier ordre. Heureux l’arbre