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& d’en faire une pour la consommation de chaque mois, à commencer par celui de mars, temps où la provision d’hiver, renfermée dans la cave, finit ordinairement. Il faut multiplier les fosses, parce que ces racines, lorsqu’elles sont exposées au grand air, après en avoir été privées, ne se conservent pas long-temps fraîches.


§. XV.

Nécessite & manière de faire un soupirail.

Il faut absolument que chaque fosse ait un soupirail par lequel la fermentation des racines puisse s’exhaler ; sans cette précaution tout ce qu’on veut conserver sous terre, pourrit ou se détériore. Pour former ce soupirail, avant de rien mettre dans la fosse, on plante au milieu une perche de 6 à 7 pieds de long & de 2 pouces de diamètre ; on roule autour de cette perche un cordon de foin d’un pouce d’épaisseur, dont on la revêt en entier sans la trop serrer ; on place ensuite les racines dans la fosse & on les dispose en dos d’âne ; lorsque la fosse est pleine, & que les racines s’élèvent dans le milieu, d’un demi-pied au-dessus du niveau des bords, on les recouvre de paille, & ensuite de terre, que l’on arrange & que l’on bat comme il a été dit lus haut. Quand les racines sont bien recouvertes, on arrache la perche ; le foin reste dans le trou, & les exhalaisons que jettent les racines en fermentant, s’évaporent par ce passage : au bout de quelques jours, on couvre ce trou avec un morceau de tuile creuse, & quand les grands froids viennent, on le bouche avec une pierre plate,


§. XVI.

Manière de préparer les Racines pour la nourriture des bestiaux.

Pour faire manger ces racines à toute espèce de bétail, il faut les couper ou les hacher, après les avoir bien lavées & nettoyées. Dans le pays Messin, on emploie un instrument tranchant, composé d’une lame de fer d’un pied de longueur, de deux pouces de largeur, & repliée en S ; au milieu des deux branches de l’S, est soudée une douille d’environ 6 pouces ; dans cette douille, on assujettit un manche de bois d’environ 3 pieds 6 pouces de longueur ; avec cet instrument on hache ces racines en morceaux de la grosseur d’une noix, dans un baquet ou une auge uniquement destinés à cet usage. Avant de jeter les racines dans l’auge, il faut les fendre & les couper en quartiers.


§. XVII,

Pour les bêtes à cornes.

Préparées de cette manière, on peut donner ces racines, sans autre mélange, à toutes les bêtes à cornes & laine, sur-tout à celles que l’on veut engraisser ; mais si l’on est forcé d’économiser les racines, on peut y mêler un quart & plus de soin & de paille hachés ; il est même bon d’observer cette méthode pendant les trois ou quatre premières se-