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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/617

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sur son estomac avec plus de force ; mais comme le rat boit très-peu, ce tartre ne pourra se dissoudre & agira sur lui à la manière des poisons. Ce qu’il y a de certain, c’est que j’en ai détruit un grand nombre par ce procédé.

Tout le monde connoît les quatre de chiffre, les petits traquenards, &c. destinés à prendre ou à tuer les rats : ces instrumens ne réussissent qu’incomplettement, parce que l’homme qui les tend & les place, les imprègne de son odeur ; le rat, ainsi que le renard & le loup la distinguent à merveille, & ils évitent pour l’ordinaire le piège qu’on leur prépare, sur-tout quand ils ont la facilité de trouver ailleurs une nourriture qui ne leur est pas suspecte. Quelques auteurs ont conseillé de se frotter les mains avec l’huile que l’on retire par la distillation du bois de rose, connu également sous les dénominations de bois de Chypre, de bois de Rhodes, & dans les boutiques des Apothicaires sous celle de Rhodium. Cette huile est fort chère & ressemble beaucoup à l’huile empireumatique que l’on obtient par la distillation des autres bois : d’où l’on peut conclure que toute huile à odeur forte peut être employée & suppléer l’huile de bois de rose. Ces huiles servent à masquer l’odeur de l’homme, & par conséquents tromper l’animal quoique très-rusé. Quelques-uns prétendent encore que les rats aiment avec autant de prédilection l’huile de bois de rose, que les chats celle du marum. (Voyez Planche XI du sixième Volume, pag. 444.) Je ne sais si cette assertion est bien prouvée ; je n’en ai pas fait l’expérience. Comme cet arbre est un véritable genêt, (consultez ce mot) on pourroit peut-être se servir des bois des autres espèces de ce genre pour produire le même effet. Quoi qu’il en soit, il est à présumer que toute espèce d’huile empireumatique peut remplacer celle qu’on recommande dans ce cas.

Quant aux souris qui infectent les appartemens, les chats & les souricières sont d’un grand secours contre elles. L’expérience m’a prouvé que le tartre-émétique dont j’ai parlé plus haut, uni avec la farine, les détruisoit. Le fruit du marron d’Inde, bien desséché, rapé avec son écorce, pilé, tamisé, réduit en poudre très-fine & mêlée à la dose d’une contre deux parties de farine, les éloigne de l’appartement. Je ne sais si ce mélange leur donne la mort, mais depuis que je m’en sers, je n’entends ni ne vois aucune souris, tandis qu’auparavant quatre chats ne suffisoient pas pour débarrasser mon habitation. Telles ont été mes expériences & leur résultat sur les rats & sur les souris : voici actuellement ce que j’ai trouvé de plus raisonnable dans les différens écrits sur ce sujet.

On lit dans le Journal économique du mois d’août 1752, que le bibliothécaire de l’abbaye de Cîteaux avoit quatre barils de cuivre, placés aux quatre coins de la bibliothèque confiée à ses soins : chaque baril pouvoit, contenir un seau d’eau ; mais il ne le remplissoit qu’à moitié : chaque baril étoit couvert d’une peau de parchemin, fortement tendue comme celle d’un tambour, & coupée dans son milieu en cette forme qui est le plan d’une gâche. Après avoir répandu sur ces peaux des amorces de