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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/655

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un mot, s’ils ont été conduits comme ils doivent l’être. L’expérience a prouvé qu’un marronnier d’inde, greffé sept ou huit fois sur lui même, a donné des fruits beaucoup moins âcres & moins amers ; le même phénomène a été observé sur les pommes sauvages des buissons. Que sera-ce donc si on greffe sur une espèce déja très perfectionnée une espèce qui l’est beaucoup plus ? Amateurs du beau fruit, faites-en l’expérience ; c’est la meilleure leçon que vous puissiez recevoir : que sera-ce donc si vous greffez sur franc, si vous prenez vos greffes sur franc (peu d’espèces font exception à cette loi), surtout si vous donnez à ces espèces d’arbres toute la portée que leurs branches exigent ? autrement vous n’aurez que du bois, &, vos arbres s’épuiseront par le retranchement successif de ce bois.


RÉGULIÈRE, (fleur) est celle dont la corolle (consultez ce mot) affecte une forme régulière, c’est-à-dire, est égale & affecte une forme symétrique ; ces fleurs sont régulières, d’une seule pièce, telles que celles des liserons, des campanules, de la pervenche, &c. La corolle peut être en partie divisée ; mais dès que sa base générale est entière, la fleur n’est pas censée divisée : celle du mufle de veau est bien d’une seule pièce, mais n’est pas régulière, parce qu’une partie de la corolle affecte une figure différente de l’autre, & par conséquent la totalité n’est pas symétrique.

Les fleurs en croix, les fleurs en œillet, &c, sont régulières & à plusieurs pétales ou feuilles de la fleur ; mais les fleurs des pois, des haricots sont à plusieurs pétales irrégulières, attendu leur forme.


REJET, REJETON. Nouvelle pousse que font les arbres qu’on a couronnés. C’est repousser une seconde fois. Au renouvellement de la sève, l’arbre couronné (chacun suivant son espèce) pousse de toutes parts des yeux qui produiront des bourgeons ; ces yeux sont pour l’ordinaire trop multipliés, cependant on ne doit pas se hâter d’abattre les surnuméraires ; il convient de laisser solidement établir la totalité ; alors on commence à en supprimer une partie seulement, parce qu’ils facilitent l’ascension de la sève, & si tout d’un coup on n’en laissoit que deux ou trois, la sève ne trouveroit plus assez de vaisseaux aspirans & sur-tout de vaisseaux sécrétoires (consultez le mot Sève), & l’opération brusque nuiroit à ceux qu’on se propose de conserver ; c’est donc par gradation & à différentes époques de l’été qu’elle doit avoir lieu. Enfin lorsque la sève afflue visiblement dans les bourgeons nécessaires, on supprime tous les autres. Une raison qui interdit tout retranchement brusque, c’est que ces jeunes pousses sont encore tendres, & pour peu que le coup de vent soit fort, il les brise près du tronc ; dès-lors il ne reste plus ou presque plus d’espoir, il faut que l’arbre travaille à produire de nouvelles pousses. À la taille d’hiver, il est avantageux de rabaisser ces bourgeons sur deux yeux qui donneront à leur tour, l’année suivante, deux bourgeons très-vigoureux & qui formeront la tête de l’arbre.