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de la grosseur du grain ; d’ailleurs s’il survient des froids quelques jours après que les griffes sont en terre, de la paille, ou une bonne couche de fumier jeté sur les planches, les en garantiront. Celui qui s’amuse de la culture des renoncules est toujours assez soigneux & veille à leur conservation.

Dans la Flandre, par exemple, où les hivers sont plus longs, on peut attendre le mois de mars pour planter. La chaleur du printemps y est plus tempérée & moins active que dans les deux climats cités, ainsi la végétation y est moins rapide, elle s’exécute avec moins de secousses, & la plante profite de sa marche uniforme.

Ces observations ont lieu particulièrement pour les renoncules appelées fines, car les grossières, comme les pivoines, les orangées, &c. peuvent, dans les climats à chaleur douce, être plantées en avril, en mai, & même pendant tous les mois de l’année, excepté ceux de la rigoureuse saison d’hiver.

D’après ce qui a été dit de l’action de la chaleur sur la renoncule, il est aisé de conclure que les fleurs ne réussissent pas parfaitement chaque année. La chaleur est-elle trop forte quand elles commencent à germer, alors elles se hâtent & s’épuisent à pousser des feuilles ; est-elle trop forte quand la plante pousse son dard, cette tige se rabougrit & la fleur est mesquine ; il ne reste alors plus rien à espérer pour l’amateur, sinon qu’il sera plus heureux une autre année. Les pluies trop fréquentes à l’une de ces époques, contrarient beaucoup la végétation, surtout si elles sont froides & de longue durée, alors la griffe fuse & pourrit, Le P, d’Ardenne rapporte qu’un jardinier lui apprit un moyen de prévenir ce funeste accident ; il consiste à faire un lit de sable sur la planche qui doit contenir ses renoncules, il pose la griffe sur ce sable un peu grossier, répand par dessus autant de sable qu’il en faut pour la couvrir, & ce sable tient lieu de filtre à l’eau surabondante. Je n’ai pas répété cette expérience, ainsi je ne puis rien conclure : le problème à résoudre se réduit à savoir si la pourriture commence dans la griffe même ou dans les racines qu’elle a poussées ; j’ai très-bien remarqué, & à différentes reprises, que les nouvelles racines étoient pourries avant que la griffe fût attaquée du même mal ; c’est aux fleuristes de profession à décider le problème.

Avant de planter, on doit commencer à régaler le sol des planches après qu’il a été retourné & soulevé ; mais comme cette terre est très-meuble, elle occupe beaucoup d’espace, ainsi elle se tassera par la suite. C’est à quoi il convient de faire attention ; les planches trop larges sont difficiles à débarrasser des mauvaises herbes qui nuisent beaucoup aux renoncules ; trois pieds de largeur suffisent, & le cultivateur placé dans un des sentiers qui les bordent, étend avec facilité son bras jusque sur le milieu, & sarcle sans peine toute la moitié de la planche. Le sentier opposé lui sert à sarcler l’autre partie.

Les fleuristes ne sont pas d’accord entre eux sur la distance qu’on doit laisser entre des griffes en les plantant ; les uns prétendent, & c’est le plus grand nombre, que les fanages doivent se confondre, tapisser le sol & le faire paroître vert comme un pré ; à cet effet ils plantent à trois pouces