en tout sens : d’autres qui agissent d’après le raisonnement & non par routine, espacent de six pouces chaque rayon, & ils ont raison : sur la longueur de la raie, l’espace est de six, cinq ou quatre pouces suivant la grosseur de la griffe. Si le fleuriste consultoit la nature, il diroit, lorsque je plante telle espèce de renoncule isolée, la longueur & la largeur de ses feuilles occupent une circonférence de tant de pouces, car cette longueur & largeur varient beaucoup suivant la nature des espèces & la force de la griffe ; mais lorsque les feuilles se croisent, se chevauchent, elles se nuisent mutuellement. En effet, on les voit s’élever, se tordre & occuper le moins d’espace possible, afin de jouir, autant qu’il est en leur pouvoir, des bienfaits de la lumière & de l’air ; donc je dois placer les griffes à une distance suffisante pour que les feuilles & toute la plante soient à leur aise : ce raisonnement fondé sur les lois de la nature, détruit tous les préjugés que les fleuristes, comme les cultivateurs, se transmettent des uns aux autres. En espaçant ainsi, les fleurs seront plus belles & toute la plante mieux nourrie, puisque les racines trouvant de quoi s’étendre, ne seront plus affamées par les voisines, & les feuilles libres dans leurs positions, ne seront ni étiolées, ni d’un jaune marqué qui annonce leurs souffrances & leur état de débilité. Il résulte d’un espacement proportionné, qu’on a la facilité de piocheter le terrain toutes les fois qu’il a été tapé par de grandes pluies, & sur-tour quand la plante est au moment de lancer son dard. Ces petits labours lui font beaucoup de bien ; il faut seulement avoit soin de soulever d’une main les feuilles, & de l’autre de travailler légèrement le sol.
Lorsque le terrain de la planche réduite à trois pieds de largeur, est bien régalé, on plante dans le milieu, & sur sa longueur, un piquet à chaque bout, auquel on attache une ficelle qui sert de cordeau. C’est contre cette ficelle, & à la distance de six ou cinq pouces, qu’on place la griffe, son œil tourné vers le ciel ; cette rangée finie, on en recommence une autre, & ainsi de suite, jusqu’à ce que les cinq rangs que la planche doit contenir, soient finis. En plaçant la griffe, on ne l’enterre point ; mais lorsque que la plantation de cette planche est terminée, on apporte avec des corbeilles de la terre préparée, que l’on répand également & doucement sur toutes les griffes, à la hauteur d’un pouce. Cette méthode assure que les griffes ne seront pas trop enterrées, qu’elles le seront toutes également si on s’est servi d’une mesure pour les placer ; qu’elles seront alignées dans tous les sens ; enfin que le coup d’œil en sera plus agréable lorsque le sol sera couvert de verdure & de fleurs en même-temps. Le milieu de la planche doit être bombé relativement à ses bords, & ses bords plus élevés de quelques pouces que le plafond du sentier.
Voici encore des questions élevées entre les amateurs des renoncules. Doit-on, ou ne doit-on pas faire tremper les griffes avant de les planter, & dans quelle eau ? Ces Messieurs ne s’entendront jamais, s’ils ne font pas attention aux circonstances, & il est aisé de concilier leurs opinions. Lorsque la griffe a été levée de terre, après que son fanage a été entière-