tremper ? Les uns ont vanté les préparations où la base étoit de l’eau de fumier, dans laquelle on faisoit pourrir des raclures de corne, où l’on ajoutoit du nitre, des cendres & semblables autres ingrédiens. On s’imaginoit que plus la préparation étoit compliquée & meilleure elle étoit ; l’expérience prouve que plus les principes salins & graisseux sont rapprochés, sans avoir été recombinés par la fermentation, & réduits à l’état savonneux, plus ces principes raccornissoient les graines & privoient la terre de sa fécondité. (Consultez les expériences citées au mot Arrosement) Il en est de ces préparations comme de celles que l’on a si fort vantées pour les grains de blé que l’on doit semer. Ces arcanes, ces secrets, ces recettes tiennent à la charlatanerie, & rien de plus ; l’eau simple suffit au gonflement des doigts des griffes : elle leur communique l’humidité nécessaire à une plus prompte germination, & c’est tout ce qu’il faut.
Un amateur qui désire que ses planches n’offrent aucun vide, tient toujours en réserve dans une partie de son jardin un certain nombre de plantes de renoncules qu’il confie à la terre en même-temps que les autres : si le froid ou quelque autre accident en ont fait périr quelques unes, il cherche dans la place qui paroît vide, si la griffe est simplement paresseuse à pousser, ou si elle a péri ; dans ce dernier cas, il la remplace aussitôt par une de celles qu’il a tenues en réserve, & il l’enlève de sa première place, & la replante avec soin ; & si elle est simplement paresseuse, il la recouvre de terre & peu de jours après elle poussera ses feuilles : si enfin elle persiste à rester, il la supprimera parce que les autres la gagneront de vitesse, & leurs feuilles s’étendront sur le terrain que les siennes devroient occuper ; elle restera toujours foible & déshonorera la planche. On auroit tort de vouloir remplacer une griffe nouvelle & qui n’auroit pas germé, celle-ci subiroit le même sort que la trop paresseuse.
Doit-on chaque année planter les griffes de renoncules ? les amateurs ne sont pas d’accord sur ce point ; les premiers disent que c’est imiter la marche de la nature qui fait chaque année germer les graines, produire leurs feuilles & leurs fleurs ; donc suivant eux, on doit planter chaque année : les seconds leur répondent avec raison, votre assertion seroit juste si les circonstances étoient égales ; mais ici elles ne le sont pas. Il faudroit pour qu’il y eut parité, que la griffe n’eût pas été levée de terre lorsqu’elle est sèche ; il est certain qu’elle auroit poussé l’année d’après du moment que la chaleur de l’atmosphère auroit été en proportion avec celle dont la griffe a besoin pour germer & végéter. L’expérience de tous les pays prouve que si on ne lève pas de terre la griffe, elle dégénère de sa beauté, de sa forme & sur-tout de sa couleur. Puisque la perfection de la plante contraint de tirer la griffe, on est donc forcé de s’écarter de la marche de la nature. Pendant le repos les sucs se perfectionnent dans la griffe, elle se mûrit, se nourrit d’elle-même, & ensuite elle est plus belle. Ce dernier raisonnement est plus spé-