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produites par la suppression de quelque évacuation ; 2°. à diminuer ou à prévenir le rhumatisme.

1°. La saignée est un des meilleurs moyens qu’on puisse employer pour remédier à la plénitude, & si on ne peut y avoir recours, il faut alors le tourner vers les évacuans & les remèdes diurétiques, sur-tout si ceux qui sont attaqués de rhumatisme, sont flegmatiques, & s’il existe chez eux une surabondance d’humeurs séreuses ; on pourra leur donner de 30 à 60 gouttes de la teinture de Gayac. Le kermès minéral donné, toutes les heures, à la dose d’un quart de grain ou d’un demi-grain, mêlé avec une douzaine de grains de sucre réduit en poudre très-fine, est un remède qui produit des selles, & sur-tout une transpiration abondante, qui soulagent beaucoup les malades ; je l’ai toujours vu produire les plus heureux effets.

Floyer qui a cru que cette espèce de couenne qu’on observe dans le sang des rhumatiques, n’étoit formée que par l’épaississement & la viscosité des humeurs, & ne pouvoit se résoudre que par une sorte de putréfaction, conseille la salsepareille. Mais il est des remèdes fondans, beaucoup mieux appropriés, tels que la décoction de poligala, de laquelle Sarcome s’est servi avec succès. Ce célèbre médecin a vu disparoître cette couenne à mesure que les malades faisoient usage de cette décoction. On a obtenu de bons effets des différentes préparations mercurielles, de la teinture, du fuccin, de l’eau de chaux animale préparée avec l’écaille d’huitre. Baglivi a toujours cru que cet état couenneux étoit joint à un état inflammatoire ; c’est aussi ce qui l’engagea, dans une épidémie de rhumatisme qui régna à Rome, à se conduire comme dans une affection inflammatoire, c’est-à-dire à beaucoup saigner & à donner des délayans, tels que la décoction d’orge, &c, & il réussit. Cependant son assertion est trop générale. Cette couenne n’emporte pas toujours avec elle l’idée d’une inflammation. Les remèdes anodins seroient peu efficaces. Il est bon de donner, au déclin, une infusion d’écorce de citron ou de feuilles d’oranger.

On doit s’abstenir des diaphorétiques, sur-tout dans les sujets mélancoliques & trop irritables ; il faut se servir de remèdes plus doux, & prescrire aux malades les bouillons frais, l’usage des eaux minérales froides, gazeuses, & le suc des plantes chicoracées..

Il y a des rhumatismes qui ne veulent aucun remède ; c’est lorsque la lésion de la partie est si forte, & l’irritation si grande, qu’elle ne supporte aucun topique ; il faut alors se contenter de couvrir la partie malade & de la mettre à l’abri du froid ; les topiques émolliens seroient dangereux.

2°. On diminuera l’affection rhumatismale par les bains de vapeurs, sur-tout si les douleurs sont fortes. Les topiques gras & emplastiques seroient dangereux, sur-tout dans l’état inflammatoire ; leur application détermineroit à coup sûr une plus grande génération d’humeur rhumatismale, & pourroit même la répercuter intérieurement sur quelque viscère essentiel à la vie. Il faut de même s’abstenir des remèdes trop spiritueux, qui disposeroient la partie à la contracture. On peut cependant tenter l’application des flanelles im-