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bibées d’esprit de vin. Ludowic a vu une répercussion qui fut suivie de fièvre maligne, causée par l’imprudente application d’un pareil topique. En général les spiritueux ne sont bjens que lorsque la fièvre est calmée. On obtient de bons effets des frictions sèches, des linimens savonneux, de l’eau de Goulard employée deux fois par jour. M. Barthez a vu la verveine pilée réussir à des paysans ; mais un bon remède au déclin, lorsque le ton de la partie est devenu languissant, est de faire une douche d’althea.

Lorsque la fièvre est tombée, & que le rhumatisme est fixé sur une partie, il faut faire une saignée locale, ou du moins faire des scarifications, ou appliquer des sangsues dans le voisinage. L’effet de ces remèdes est toujours prouvé par la détente générale qu’ils occasionnent en modifiant la sensibilité de la partie.

Lob, médecin anglois, a guéri des rhumatismes par des cordiaux & des sudorifiques très-actifs. Cette méthode a paru outrée à quelques uns, qui ont dit que la nature avoit triomphé de la maladie & du médecin ; mais ce qui a induit en erreur les détracteurs de Lob, c’est qu’ils n’ont pas connu toutes les méthodes de traitement. Il est sans doute des cas dans cette maladie, où il est plus avantageux de donner des sudorifiques ou autres remèdes chauds, car, 1°. le rhumatisme étant même d’un caractère inflammatoire, ces remèdes ont pu agir de la même manière qu’on voit réussir le vin dans la pleurésie ; 2°. parce qu’il est bon quelquefois de procurez une révulsion qui investisse l’ordre de la fluxion inflammatoire.

Sous ce même point de vue, on peut prescrire aux malades les infusions de coquelicot, de fleurs de sureau, de feuilles de scordium avec le sirop de limon ; mais il faut auparavant que l’état inflammatoire n’existe plus & que la fluxion ait été abattue par les évacuations générales.

Huxam a aussi proposé le camphré combiné avec l’opium, comme un très-bon sudorifique ; M. Barthz a vu de très-bons effets de cette combinaison, & il y joint le nitre qu’il regarde avec Hoffman, comme le correctif du camphre. Brocklesbi regarde ce dernier (qu’il donne jusqu’à six drachmes, noyé dans une grande quantité d’infusion de sauge) comme le meilleur diaphorétique.

Les vésicatoires, quoique utiles en général dans les affections inflammatoires, où il ne faut pas répéter la saignée, seroient très-dangereux dans les rhumatismes, si on les appliquoit avant la fin de la maladie, & sans avoir fait précéder les évacuations ordinaires. Ils détermineroient des douleurs cruelles, des inflammations très fâcheuses ; aussi Pringle refuse-t-il de les appliquer quand le pouls est dur.

Les émétiques agissent toujours bien quand le rhumatisme dépend d’une surcharge putride dans les premières voies ; les purgatifs administrés à propos, sont aussi très salutaires. Il est très-avantageux de les combiner quelquefois avec les diaphoniques, afin d’exciter des mouvemens contraires qui, en dérangeant la manière d’être de la nature, change l’état de la maladie. Cette altération perturbatrice, dispose la nature à une terminaison