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Dans les terres nouvelles de la zone torride, la couche végétale est tellement embarrassée de grosses & de petites racines, qu’il est très-difficile de faire des trous à coups de pioche. Il faut y planter le ris avec un’piquet ou plantoir quarré par le bout. On fait des trous de trois bons pouces de profondeur, & l’on jette dans chacun trois, quatre ou cinq grains de ris au plus, que l’on recouvre en rabattant dessus la terre des bords du trou avec le même plantoir. Quand le défrichement a plusieurs années, les pluies, les rosées & la grande chaleur ont fait pourrir les racines, & l’on peut se servir de la pioche ou du plantoir ; mais M. de Reine préfère encore ce dernier.

Si on vouloit éviter de planter le ris en Europe, il faudroit ou le donner parfaitement mêlé avec une grande quantité de terre au semeur, ou employer des semoirs qui ne laissent tomber les grains qu’à la distance indiquée, ce qui paroit très difficile. Il vaut donc mieux avoir recours à la plantation. Elle n’emportera pas autant de temps qu’on le pense, puisqu’on peut planter les grains même à 20 pouces de distance.

Si le ris étant acclimaté, on vouloit en ensemencer de grands terrains, on pourroit choisir entre les deux méthodes suivantes, ou d’avoir quelqu’un qui suivit la charrue & déposât les grains en les recouvrant avec le pied, ou quelqu’un qui, marchant devant elle, laisseroit tomber dans le sillon quelle viendroit d’ouvrir les grains que la charrue elle-même recouvrirait en traçant le sillon suivant ; car il est essentiel de ne pas laisser le grain à découvert, pour le préserver des ravages des oiseaux.

En Europe, il faudra très-peu enfoncer le dernier labour qu’on fera en semant ou en plantant le ris. La raison en est que plus le climat est froid, & plus le grain doit être près de la superficie de la terre, pour mieux profiter de l’influence du soleil. Deux pouces de profondeur seront plus que suffisans.

Le ris en herbe ressemble assez à l’avoine. Il porte comme elle un épi en grappe d’environ trois à quatre pouces de longueur, & qui contient depuis 30 jusqu’à 50 grains. Comme chaque semence pousse plusieurs tuyaux, on estime que le ris sec rend au-delà de cent pour un.

La paille du ris sec s’élève a deux pieds & demi ou trois pieds dans la zone torride. Elle est bonne pour la nourriture des bêtes à corne. Il est vraisemblable qu’elle seroit meilleure en Europe, parce qu’elle y seroit moins desséchée. La récolte se fait comme celle de nos bleds, en coupant la paille à trois ou quatre pouces au dessus du sol. Après que le ris est coupé, il repousse un regain excellent pour les bestiaux. On pourroit le laisser deux ans en terre, mais à la seconde année il donneroit beaucoup d’herbe & peu d’épis mal grainés. Cependant M. de Reine assure qu’il a souvent fait trois récoltes par an sur un même terrain.

Pour battre le ris on attache horizontalement à deux pieds & demi ou trois pieds de hauteur, & à côté l’un de l’autre., deux morceaux de bois de quatre à cinq pouces de diamètre & d’une longueur convenable. On place dessous ces deux perches