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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/73

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de l’été, & elles portent encore avec elles des principes de fécondité ; les grains hivernaux confiés à la terre, germent & lèvent sans peine ; maïs si les pluies ne viennent à leur secours, ils restent confiés à la terre jusqu’à ce qu’une humidité bienfaisante développe leurs germes. Si le vent du nord règne pendant l’équinoxe, (chacun suivant son climat) on est presque assuré d’avoir une automne sans pluie ; si au contraire, les vents, qui apportent la pluie, suivant les climats, sont les vents dominans à cette époque, il y a beaucoup à craindre des pluies qui se succéderont pendant les trois mois suivans. Alors les pluies qui succèdent aux premières, n’agissent plus que comme celles de l’hiver, c’est-à-dire, que ces dernières ne trouvent plus de principes à refouler de l’atmosphère, & que l’eau surabondante, dont la terre est pénétrée, s’oppose à la décomposition, à la fermentation, enfin à l’assemblage des matériaux de la séve. Dans tout état de cause, la qualité de l’eau de pluie dépend de l’état de l’atmosphère ; ce qui est prouvé par l’analyse que l’on a faite de ces différentes eaux : c’est pour n’avoir pas examiné les circonstances, que plusieurs physiciens ont avancé que l’eau de pluie contenoit tout au plus des particules simplement terreuses, tandis que d’autres y ont trouvé un sel acide, une substance huileuse ou mucilagineuse, &c.

Le degré de chaleur ou de froid est encore une qualité dans la pluie, qui hâte ou retarde la végétation. Supposons une intensité de dix degrés de chaleur à la superficie de la terre, & que l’eau de pluie n’en ait que quatre ; alors cette proportion de chaleur en moins agira fortement sur le végétal.

Par exemple, les pleurs de la vigne cesseront de couler jusqu’à ce que la chaleur de l’atmosphère ait repris le degré qui convient à leur ascension. Il en est ainsi de tous les végétaux. (Consultez ce qui a été dit au mot Arrosemens) Si au contraire la pluie poussée par un vent du sud est réellement plus chaude que la superficie de la terre, alors la végétation hâte ses progrès en raison du degré de chaleur que la terre reçoit, & que cette pluie communique à l’air ambiant.

Toute pluie qui vient d’une région très-élevée, quel que soit le vent qui la pousse, est toujours froide ; mais les premières gouttes qui tombent sont peu nombreuses, très larges & chaudes ; les premières qui leur succèdent sont moins chaudes, & un instant après les suivantes sont froides & souvent glacées comme dans les cas de grêle. La chaleur disséminée dans l’air est fluide, & les premières gouttes d’eau s’en emparent ; les secondes trouvent peu à se combiner à lui, & les troisièmes tombent telles qu’elles sont, c’est-à-dire froides.

Deux causes concourent au refroidissement subit de l’air après ces pluies, & sur-tout en été. La première, c’est qu’effectivement la pluie, en tombant, a diminué la chaleur de l’air atmosphérique ; mais la seconde est produite par l’évaporation de l’humidité surabondante reçue par la terre. Or, toute évaporation produit le frais, ou froid, suivant le degré d’activité, avec lequel elle s’exécute. On peut s’en convaincre