Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1789, tome 8.djvu/74

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en mouillant sa main avec de l’esprit de vin, encore mieux avec de l’éther, (consultez ce mot) & en faisant agir le vent d’un soufflet contre cette main. Si l’air atmosphérique est de dix degrés de chaleur, le vent, poussé par le soufflet, est donc également de dix degrés de chaleur, cependant il fait éprouver une sensation froide, que l’on comparera à celle de la glace.

Si un seul vent domine, alors les nuées s’étendent, & couvrent tout l’horizon ; si deux vents se contrarient, les nuages forment des zones ; si trois vents se combattent à forces égales, alors les nuages s’accumulent, forment ce que le peuple appelle des balles de coton, & ils paroissent comme stationnaires ; mais si l’un des trois vents vient avec impétuosité à l’emporter sur l’autre, malheur au pays qui se trouvera sous sa direction, il est fort à craindre qu’il ne soit suivi de la grêle, parce que ce vent impétueux enlève les nuages dans la région supérieure de l’atmosphère où l’eau se glace, & d’où elle retombe en grêle plus ou moins grosse, suivant le degré de froid, & la réunion du nombre des gouttes d’eau qu’elle a rapprochées. Il n’est pas possible d’entrer dans le détail de toutes les combinaisons des vents & des nuages qui font pleuvoir ; une très-grande partie, tient à la localité du climat que l’on habite. Il pleut pendant trois mois consécutifs, & sans interruption dans les isles de France & de Bourbon, & dans tout le reste de l’année il ne tombe pas une seule goutte d’eau. Le terme moyen de l’eau qui tombe à Paris, quoiqu’il y pleuve souvent, est de 19 à 20 pouces ; tandis que le même terme moyen de Montpellier & de Beziers, où il pleut rarement, est de 28 à 29 pouces. Règle générale, plus on approche du midi, & plus, lorsqu’il pleut, les pluies donnent une grande quantité d’eau, parce que toutes les pluies y sont par orages ; il est très-rare d’y voir des pluies douces & uniformes. Ces exemples suffisent pour prouver qu’on ne doit jamais calculer la fréquence des pluies & l’abondance d’eau qu’elles donnent d’un climat par un autre. Il pleut beaucoup plus dans les pays de montagnes, que dans les plaines ; dans les pays boisés, près des grandes forêts, que dans les cantons dépouillés d’arbres, parce que les forêts & les montagnes attirent les nuages, qui se décomposent en les touchant. Cette théorie est établie à l’article montagne. Voici encore une règle générale, c’est que l’eau de pluie du printemps, de l’été & du commencement de l’automne, favorisent plus la végétation que tous les arrosemens & toutes les irrigations possibles. Il est aisé d’en sentir la raison, par ce qui a été dit ci-dessus.

Mais quelle est la cause de l’élévation des vapeurs terrestres, & des rivières & de la mer ? &c. Par quel mécanisme les nuages restent-ils suspendus sur nos têtes ? Pourquoi les vents les font-ils résoudre en pluie ? Ce sont autant de problèmes dont la solution tient à la haute physique, & qui ne sont pas du ressort de l’agriculture ? Je ne devois considérer la pluie que comme avantageuse ou nuisible à l’agriculture.


Des pronostics de la pluie.

Il n’existe aucun pays qui n’ait