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casionne une maladie qui annonce que le bois tombera bientôt en pourriture ; le cœur de l’arbre, de blanc qu’il doit être, devient rouge ; plus le bois rouge s’étend en hauteur, plus il approche de la circonférence du tronc, & plus l’arbre de sa fin… Les épicias qui ont fourni beaucoup de résine, pourvu toutefois que leur bois ne soie point rouge, sont bons pour faire de la charpente, de la menuiserie, des bardeaux, des seaux, des tonneaux à mettre du vin[1] ou des marchandises. Il paroît néanmoins que ce bois a souffert quelques altérations, car le charbon qu’on en fait est plus léger & de moindre qualité que celui des arbres qui ont été entaillés… Cet arbre vigoureux planté dans un bon fond peut rendre par année 30 à 40 livres de poix ».

Je suis surpris que dans presque tous les pays à sapins, à pins, &c. on laisse pourrir, sur le sol même, cet amas de petites feuilles que fournissent les branches inférieures : à mesure qu’elles se dessèchent elles feroient une excellente litière au bétail toujours très-nombreux dans la région des sapins, puisque c’est au-dessus de cette région que l’on trouve l’excellence des pâturages dans l’herbe fine & délicate qui y croît. On pourroit consacrer à cet usage les bourgeons inutiles, lorsqu’ils sont encore tendres & frais. Ils s’imprègneroient des principes de l’urine & des excrémens, qu’ils rendroient à la terre lors de la putréfaction… Sur un champ qui vient d’être semé en lin, on fait très-bien de répandre les feuilles de sapin, de manière que la terre en soit couverte. Ces feuilles garantissent la graine à mesure qu’elle germe, des effets du hâle, des vents froids, maintient l’humidité ; & ensuite de leur décomposition elles deviennent un engrais.

Dans le nord de l’Europe on prépare une espèce de bière avec les feuilles de sapin. Ce procédé est décrit à l’article Pin, tome 8, pag. 704.


SAPONAIRE ou SAVONIÈRE (Voyez Planche I, page 79) Tournefort la place dans la première section de la huitième classe qui renferme les herbes à fleur disposée en œillet, dont le pistil devient le fruit, & il l’appelle lychnis silvestris quæ saponaria vulgo. Von-Linne la classe dans la decandrie digynie, & la nomme saponaria officinalis.

Fleur à dix étamines C ; ces fleurs sont attachées au bas du pistil dans un calice D oblong, d’une seule pièce, & découpée en cinq. Les cinq pétales E, dont elles sont composées, sont disposés comme les pétales de l’œillet ; leurs onglets sont étroits,

  1. Note de l’Éditeur. Je ne conseillerai jamais cet emploi. On a beau avoir tiré & retiré la poix par les incisions, l’intérieur du bois dont on auroit fait des douves, conserve toujours un peu de résine qui seroit dissoute par l’esprit ardent du vin, à mesure qu’il pénétreroit soit le bois, & le vin acquerroit bientôt une odeur forte de résine. Comme ce bois est très-poreux, il permet une trop forte évaporation de l’esprit du vin & du fluide dans lequel il est contenu, ce qui établit du vide dans le tonneau. On verra à l’article vin combien il est essentiel de le prévenir, si on veut conserver pendant longtemps la liqueur, & empêcher la pousse ou son acidité.