Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/145

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& soir paître dans ces champs aussitôt que le blé est levé, on les verroit abandonner les épis oubliés pour se jeter avec avidité sur les sauterelles. Je sais, par expérience, que cet aliment les engraisse beaucoup, & que ces animaux croissent à vue d’œil ; ainsi les sauterelles leur tiendroient lieu de petits grains, & cette nouvelle branche économique produiroit deux grands biens dans le pays.

Les poules, les canards, les oies en sont également avides ; ainsi des enfans, employés à rassembler des sauterelles dans un sac, deviendroient d’excellens pourvoyeurs d’une basse-cour… Il y auroit, pour détruire ces insectes, un moyen plus expéditif que celui qui vient d’être proposé. Aussitôt que la récolte des blés est levée dans tout le canton, il s’agiroit de mettre le feu aux chaumes, qu’on a la mauvaise coutume de laisser trop hauts lorsque l’on moissonne : cette ignition devroit avoir lieu dans tout le canton. On commenceroit par le côté d’où le vent souffle, & on suivroit ainsi de place en place jusqu’à la dernière extrémité, sans laisser une place intacte : pour peu que le vent soit vif, la flamme parcourt la surface du champ avec une rapidité étonnante, & la sauterelle a beau sauter & voler, elle finit par être la proie des flammes. Cette pratique exige des soins & de la prudence afin d’éviter les incendies ; elle a encore l’avantage de détruire toutes les plantes parasites & leurs graines. Je l’ai éprouvée avec succès dans la vue de détruire les mauvaises herbes, & elle auroit réussi pour la destruction des sauterelles, si les voisins avoient imité mon exemple.

Dans les provinces du centre & du nord du royaume il y a une espèce de sauterelle dont la couleur approche de celle de la terre ; elle est petite & fort heureusement peu multipliée ; la partie membraneuse est quelquefois rouge. Elle se jette sur le froment, en dévore la tige & la suit jusqu’au centre des racines ; enfin elle fait périr toute la plante. Cette espèce est la proie des oiseaux, & je ne connois pas de meilleur moyen pour les détruire.


SAUVAGEON, jeune arbre venu sans culture ; s’il s’agit d’arbre fruitier, c’est celui qui est venu de graine & qui n’est pas greffé. On récolte dans les bois la majeure partie des sujets que l’on place ensuite dans les pépinières. Il est rare que ces pieds ne souffrent pas dans la transplantation. Celui qui les enlève de terre travaille pour en avoir beaucoup, & peu lui importe, que les racines soient meurtries ou mutilées. Il les vend tels quels, & son but est rempli, d’où il résulte que ces jeunes sujets sont long-temps a se remettre dans la pépinière. Il vaudroit beaucoup mieux s’attacher aux semis ; on leur donne sans peine tous les soins que chaque saison exige ; on les a sous la main, quand le moment vient de mettre les pieds en pépinière, &tous ces pieds sont garnis de leur pivot (consultez ce mot) ou racine essentielle, que par la plus sotte des coutumes on se hâte de supprimer.


SAXIFRAGE. Voyez Planche III, page 120. Tournefort la place dans la seconde section de la sixième classe des herbes à fleurs de plusieurs pièces régulières & en rose, dont le