Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

capsule arrondie, à trois lobes, à trois loges & à trois valvules.

Feuilles ; elles partent de l’oignon, sont étroites, longues, cylindriques, en forme de glaive.

Racine, bulbeuse, recouverte de tuniques, composée de plusieurs oignons les uns sur les autres.

Pcrt ; les feuilles & les fleurs partent de la racine, sans tiges ; la fleur paroît en juin, avant les feuilles.

Lieu ; originaire des montagnes des Alpes, des Pyrénées, d’où il a été tiré pour être cultivé en grand dans plusieurs de nos provinces, telles que le Gâtinois, le Poitou, l’Angoumois, le Languedoc, &c.

Le safran qui donne sa fleur au printemps, est une variété de celui dont il est ici question, & tous deux produisent de jolies variétés qu’il ne faut pas confondre avec les colchiques. Les fleurs de ces dernières plantes ont six étamines, & celles des safrans n’en ont que trois.

Les variétés du safran d’automne sont, ou à une fleur bleu pâle, ou à plusieurs fleurs bleuâtres, ou à plusieurs fleurs de couleur bleu-céleste, ou enfin d’un bleu foncé.

Les variétés du safran printanier sont, ou à feuilles larges & à fleur de couleur pourpre & rayée, ou rayée & d’un bleu-foncé, ou à une seule grosse fleur blanche foncée, ou à fleurs blanches & à fond pourpre, ou blanches & rayées, ou d’un pourpre violet rayé de blanc, ou à fleurs de couleur de cendre, ou à fleurs d’un jaune plus ou moins foncé, ou jaunes rayées de noir, ou de couleur de soufre ; ou enfin, à fleurs blanches.


§. Premier.

De sa culture.

Je n’ai jamais été dans le cas de cultiver cette plante, je ne puis donc pas parler d’après ma propre expérience. Je préviens que je vais copier ce qu’en a dit M. Duhamel, qui a suivi avec soin cette culture dans le Gâtinois, où elle est en grande recommandation, & ce grand homme auquel l’agriculture est si redevable, a joint aux connoissances de théorie celles de la pratique. J’ajouterai seulement quelques observations que j’ai faites dans l’Angoumois.

Les terres légères sont les plus propres pour le safran. Cette plante ne réussit pas bien dans les sables maigres, ni dans les terres trop fortes, argileuses ou humides[1]. Les terres pierreuses ne doivent pas être rejetées, pourvu qu’on ait l’attention d’en ôter toutes les pierres plus grosses que de petites noix. Ce travail est pénible à la vérité, néanmoins nos paysans l’exécutent avec beaucoup d’exactitude… En général, on peut dire qu’il y a deux sortes de terrain qui sont propres au safran ; savoir, les terres noires, légères & un peu sablonneuses, & les terres roussâtres : il faut que l’une & l’autre se trouvent avoir huit à neuf pouces de fond[2].

  1. Note de l’Éditeur. Il en est ainsi de presque tous les oignons, ils n’ont communément besoin que de l’humidité qu’ils absorbent de l’air pour commencer leur végétation, & elle suffit pour celle de plusieurs.
  2. Si sous cette couche il s’en trouve une d’argile, ou ce que l’on nomme un gor, très-peu perméable à l’eau, l’oignon y pourrira pendant l’hiver