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tième partie de son poids. Il ne faut donc qu’une infiniment petite partie d’esprit recteur, pour agir au loin ; & cet esprit recteur n’est pas contenu, pour l’ordinaire, dans l’amande qui forme la véritable graine, mais dans son écorce ou enveloppe. L’amande fournit l’huile grasse, & presque jamais l’huile odorante. Mais, comment peut-il arriver qu’une fleur ait une odeur très-différente de celle de sa graine ? si ce n’est par les combinaisons nouvelles que les principes de la sève éprouvent, pendant la végétation, avec ceux de la graine. On sait que le galbanum, le sagapenum, le bitume de Judée, & l’opopanax, ont une odeur très-distincte & qui leur est propre : cependant de leur mélange il résulte une véritable odeur de musc. Du sel ammoniac en poudre, jeté & agité sur de la chaux, également en poudre, produit un alkali excessivement volatil & pénétrant ; cependant ces deux substances n’étoient presque pas odorantes : il n’est donc pas surprenant, que de l’union des principes séveux, déja surcomposés avec les principes que la végétation développe dans la graine, il n’en résulte des odeurs qui ne soient pas celles des esprits rectaires qu’elle renferme.

La lumière du soleil me paroit être le grand véhicule de leur développement & de leur volatilité. Il paroît même prouvé qu’elle y entre comme cause première, & sa chaleur comme cause efficiente. Plongez une rose dans l’eau chargée de glace, elle perd son odeur : placez-la dans un appartement sans clarté, son odeur diminue visiblement d’heure en heure ; ce qui en reste, est le résultat des premières émanations.

Quant aux plantes inodores, soit dans la graine, soit dans la fleur, j’ai observé, sur un très-grand nombre, que l’amande & son enveloppe étoient dépourvues de principes recteurs ; d’où il seroit naturel de conclure que les plantes odorantes sont telles, parce que leurs semences contiennent une huile essentielle, & que celles des plantes & fleurs inodores n’en contiennent point : ces assertions sont vraies dans leurs généralités. Comment expliquer les exceptions ? Je laisse ce soin à de plus clairvoyans que moi.

La sève ne crée pas plus la plante que les alimens créent l’homme. L’un & l’autre ne servent qu’au développement du germe. Dans le gland sont renfermés ou emboîtés tous les germes des chênes qui en proviendront par la suite & jusqu’à la consommation des siècles. (Consultez le mot germe ; article essentiel)

La sève a ses maladies comme nos humeurs ont les leurs. Elle peut être altérée des causes, soit intérieures, soit extérieures. Si la sève pêche par excès de sel, elle devient corrosive & détruit le végétal. Consultez les expériences de milord Mamer, rapportées au mot irrigation) Si on arrose le sol dans lequel la plante végète, avec une certaine quantité d’huile, cet excès ne permet plus les combinaisons, parce qu’un principe surabonde contre un autre. Petit à petit la circulation de la sève se ralentit, & la sève périt. Je cite ces faits comme des extrêmes, parce qu’il est très-rare que la sève soit viciée par des causes intérieures. Les maladies dues à des causes internes, sont le couronnement, la fullomanie, le dépôt, les exostoses, la moisissure, la pourriture &c. Consultez