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Les filets sont ordinairement de la grosseur d’un fil de lin & de couleur violette, velus comme les corps glanduleux : quelques-uns s’étendent d’une glande à l’autre ; d’autres vont s’insérer entre les tégumens des oignons, se partagent en plusieurs ramifications, & pénètrent jusqu’au corps de la bulbe, sans paroître sensiblement y entrer : ils forment dans cette route une infinité d’anastomoses & de divisions, & sont parsemés de petits nœuds ou ganglions, qui ne paroissent être autre chose qu’un amas de la laine qui recouvre les corps glanduleux & les filets. Ces observations m’ont fait penser que ces tubercules sont des plantes parasites qui se nourrissent de la substance de l’oignon, & qui, comme les trufes, se multiplient dans l’intérieur de la terre sans se montrer à la superficie. Cette maladie fait presque tous ses progrès dans les trois mois du printemps. Pour m’assurer de ce fait, continue M. Duhamel, j’ai planté quelques tubercules de mort dans des pots où j’avois planté dans la terre saine des oignons de différentes fleurs. En un an de temps ces tubercules se sont multipliés dans ces pots, & ont attaqué les oignons que j’y avois plantés. J’ai depuis ce temps-là trouvé cette même plante, qui causoit le même dommage à des hièbles, à l’arrêté-bœuf, à des plants d’asperges. Elle n’attaque point les plantes annuelles ni celles qui ont leurs racines à la superficie de la terre.


§. IV.


De ses Propriétés.

I. Propriétés d’agrément. Les nombreuses variétés du safran printanier sont fort recherchées par les fleuristes. En effet, elles produisent un très-joli effet, & il est très-agréable à voir une petite étendue de terrain jonchée de fleurs de toutes couleurs & bien variées. Ces variétés ne fleurissent pas en même temps, il faut donc rapprocher les unes des autres celles dont la fleuraison est parfaitement analogue. En général tous les terrains conviennent aux oignons de ces fleurs, cependant ils réussissent mal dans les sols argileux, tenaces & humides ; mais le fleuriste sait bientôt, par l’addition du sable ou du terreau bien consommé, le rendre propre à la végétation de ces plantes. La plus grande partie de ces variétés pousse ses fleurs dès que les gelées cessent, & même elles paraissent en janvier & février, si le froid ne s’est pas fait sentir jusqu’à cette époque, ce qui dépend beaucoup & de la saison & du climat.

L’amateur qui se propose de lever ses oignons chaque année, après que leurs feuilles sont fanées, ne doit les planter ensuite qu’à la profondeur de deux pouces, & à deux pouces de distance les uns des autres. Si au contraire il les laisse enterrés pendant quatre à cinq ans, il les plante, l’œil en haut, à quatre pouces de profondeur, parce que l’oignon s’élève sans cesse & cherche à venir à fleur de terre. Afin de donner un ordre, un air d’arrangement, il trace des rigoles au cordeau ; il plante dans ces rigoles, & ensuite passe par-dessus le rateau, sans déranger l’oignon de sa position, ce qui le recouvre de terre. Si les oignons doivent rester en terre pendant le laps de temps indiqué,