Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/287

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la renfermer dans de justes bornes : un quart d’heure, une, demi-heure suffisent : on doit rarement dormir une heure ; d’ailleurs, c’est le tempérament, c’est la quantité & la qualité des alimens qui doivent servir de règle.

Plus on a de difficultés à digérer, continue cet illustre auteur, & plus les alimens résistent à leur décomposition, plus aussi la méridienne doit être longue ; au contraire, elle doit avoir d’autant moins de durée, que les alimens sont plus faciles à digérer, & que le tempérament favorise davantage la digestion.

On ne doit point faire la méridienne étendu sur un lit, parce que cette position horisontale forceroit la pâte alimentaire à sortir de l’estomac par l’orifice inférieure, avant que d’être parfaitement digérée : la position la plus favorable pour la méridienne, est donc celle dans laquelle le corps est un peu incliné à l’horizon, & pour cet effet on doit s’asseoir dans un fauteuil ou sur un sopha, la tête haute, le corps légèrement penché en arrière, & un peu tourné sur le côté gauche.

Il faut de plus avoir attention que la circulation du sang ne soit gênée dans aucune partie du corps. Conséquemment, avant de se livrer à ce sommeil, il faut se défaire de tous liens. Le col de la chemise doit être libre, de même que la ceinture de la culotte, les cordons des juppons, &c. il faut encore ôter les jarretières. Alors nulle pesanteur, nulle douleur de tête, nul engorgement à craindre ; accidens qu’on a souvent attribués a la méridienne, faute d’y avoir assez apporté d’attention.

Le sommeil excessif & morbifique produit différentes maladies qu’on connoît sous le nom d’affections soporeuses ou comateuses, ou de léthargie. Ces maladies comprennent les deux espèces de coma, la léthargie, la catalepsie, le carus, la cataphote & l’apoplexie. Voyez ces mots.

Les vomitifs, les purgatifs forts, les lavemens âcres & irritans, les vésicatoires sont les remèdes les plus efficaces contre le sommeil morbifique. La saignée est encore un secours qu’on ne doit pas négliger, sur-tout s’il dépend d’une pléthore bien décidée à la tête : on a encore vu réussir la fumée du tabac introduite dans les intestins par l’anus. Les sinapismes ont quelquefois mieux réussi que les vésicatoires. Lorsque tous ces remèdes n’opèrent point les effets salutaires qu’on est en droit d’en attendre, il faut alors tenter l’immersion subite des malades dans l’eau froide ; La frayeur qui peut en résulter, peut tout aussi bien changer en mieux la manière d’être du principe vital, que, procurer un plus grand désordre dans les organes. Ce dernier moyen, qui a eu du succès, doit être regardé comme un remède douteux, auquel il convient d’avoir plutôt recours dans un cas désespéré, que de ne tenter aucun remède. M, Ami.


SOMNIFÈRE, Médecine rurale. C’est ainsi qu’on appelle un remède qui assoupit, qui endort, & qui fait dormir ; on peut regarder un somnifère comme un léger narcotique.

La belladone, la jusquiame, la cynoglosse, toutes les espèces de pavot ; les liqueurs fermentées, le lait, les alimens glutineux, le sucre, le jus exprimé des viandes, & enfin tous les esprits ardens com-