Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette loi, & c’est précisément ce qui prouve que mon assertion est juste. Ces exceptions tiennent à des localités. On demandera, pourquoi a-t-on presque tous les jours à Rouen, des pluies appelléesgrains, quoique toute la Normandie ne renferme pas de grandes montagnes, mais simplement des coteaux. L’explication de ce phénomène local nous mèneroit trop loin.

Si on trouve des sources dans la plaine, elles sont dues à l’écoulement intérieur des pays plus élevés. Celles qui lui appartiennent réellement sont semblables à celles renfermées dans des citernes ; elles sont là parce qu’elles ne peuvent aller ailleurs.

2°. Moyens pour découvrir les sources. Certaines espèces de plantes deviennent des indicateurs assez fidèles. (consulter l’article Fontaine). M. Bertrand, pasteur à Orbe, dans son excellent Traité de l’irrigation des prés, a résumé tout ce que les auteurs ont dit au sujet de la découverte des sources, & nous allons transcrire cet article de son ouvrage.

Je vais donner, c’est M. Bertrand qui parle, le précis des observations de Vitruve, de Palladius, de Pline, de Cassiodore, du père Kirker, du père Jean-François & de Bellidore. Les eaux sont d’une si grande conséquence pour les campagnes, qu’on ne doit négliger aucun des signes qui peuvent contribuer à leur découverte.

1°. On peut connoître, dans un temps calme, les sources cachées, en se couchant un peu avant le lever du soleil, le ventre contre terre, ayant le menton appuyé, & regardant la surface de la campagne.

Si l’on aperçoit en quelque endroit des vapeurs, s’élever en ondoyant, on doit hardiment y faire fouiller. L’attitude qu’on vient de prescrire est nécessaire pour faire cette épreuve, parce que la vue ne s’élèvera point plus haut qu’il ne faut ; elle s’étendra précisément au niveau du terrain qu’on se propose d’examiner… Palladius fait avec raison beaucoup de fond sur ce signe qu’il tâche même de perfectionner ; il conseille de s’y prendre au mois d’août, temps où les pores de la terre étant plus ouverts, donnent un passage plus libre aux vapeurs. Il veut aussi que l’on prenne garde que les lieux où l’on verra s’élever des vapeurs, ne soient point humides à leur superficie, comme seroit un marécage, qui pourroit fort bien donner de l’eau, mais dont la qualité seroit mauvaise.

2°. Cassiodore, dans une lettre à Théodoric, indique un signe qui a quelque rapport à celui-là. Il est tenu pour infaillible par les fontainiers les plus experts. Lors, dit-il, qu’après le soleil levé, l’on voit comme des nuées de petites mouches, qui volent vers la terre, si, surtout elles voltigent constamment sur le même endroit, on doit en conclure qu’il y a de l’eau en dessous.

3°. Lorsqu’on a lieu de soupçonner, par ces signes extérieurs ou par d’autres, qu’il y a de l’eau dans quelque endroit, on doit, pour s’en assurer encore mieux, faire quelques-unes des expériences suivantes : ayant creusé la terre à la profondeur de cinq à six pieds, sur trois pieds ou environ de largeur, mettez, au soleil couchant, au fond