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de cette fosse, un chaudron renversé, ou un bassin d’étain, dont l’intérieur soit frotté d’huile. Fermez l’entrée de cette espèce de puits avec quelques planches couvertes de terre ou de gazon. Si le lendemain matin vous trouvez des gouttes d’eau attachées au-dedans ou chaudron ou du bassin, c’est une marque certaine que ce lieu renferme des veines d’eau. Au défaut d’un vase de métal, on pourroit se servir d’un vase de terre non cuite, sans qu’il soit nécessaire de le frotter d’huile. S’il y a de l’eau, ce vase se trouvera intérieurement couvert d’humidité, & même extérieurement, dans le cas où la source seroit abondante… Pour plus d’assurance, on peut mettre sous ces vases quelques poignées de laine, afin de voir si, en la pressant, l’on en fait sortir beaucoup d’eau. Tous ces signes sont infaillibles & confirmés par une expérience constante.

Autre épreuve. On connoîtra aussi qu’il y a sous ce creux, de l’eau souterraine, si, après y avoir renfermé une lampe allumée et pleine d’huile, on la trouvoit mouillée le lendemain, et sur-tout s’il y restoit encore une partie de la mèche et de l’huile qui ne fussent pas consumés.

Le père Kirker dans son traité du magnétisme, indique une expérience également facile et certaine ; il assure en avoir fait usage, et toujours avec beaucoup de succès. Il faut faire une aiguille de bois, longue de deux à trois pieds, composée de deux pièces de bois, entées, l’une d’un bois pesant, serré & compacte, peu susceptible d’humidité, et l’autre de bois poreux, spongieux et facile à s’imbiber. Le bois d’aune ou verne, sera très-propre à faire cette pièce de rapport. On placera le matin l’aiguille en équilibre sur un pivot, ou bien on la suspendra à un fil dans une fosse creusée dans l’endroit sous lequel on conjecture qu’il y a de l’eau. S’il y en a effectivement, les vapeurs qui, s’élèvent sans cesse, pénétrant la partie spongieuse de l’aiguille, la feront incliner vers la terre. Cette expérience réussit infiniment mieux le matin avant que l’humidité, qui est alors très-abondante, ait été dissipée par la chaleur du soleil.

4°. Pline, dans son histoire naturelle, parle d’une autre marque de source cachée, qu’il assure avoir éprouvé lui-même. Si l’on remarque, dit-il, quelqu’endroit où l’on voit fréquemment les grenouilles se tapir est pousser la terre, on peut être sûr qu’on y trouvera des rameaux de sources. Les grenouilles tireront dans cette position, l’humidité et les vapeurs qui s’exhalent de cet endroit.

5°. Quand on cherche l’eau, Vitruve veut qu’on examine la nature du terroir. Un terroir de craie, dit-il, n’en fournit que très-peu, & elle n’est même jamais de bon goût. Dans le sable mouvant, on n’en trouve qu’une très-petite quantité. Dans la terre noire, solide, non spongieuse, elle est plus abondante. Les sources qui se trouvent dans une terre sablonneuse, semblable à celle qui se voit au bord des rivières, sont aussi fort bonnes, mais peu abondantes. Elles le sont davantage dans le gros sablon, dans le gravier vif ; elles sont excellentes et abondantes dans la pierre rouge.