Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/326

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procréées contre l’ordre de la nature, qui opère la végétation, que le volume, la longueur, la force & le diamètre. Cette proposition générale est vraie, toute proportion gardée dans toutes sortes de plantes, Quiconque prétend, en coupant les suçoirs, les multiplier, & par-là rendre service aux plantes, fait le même raisonnement que celui qui disoit, qu’au lieu d’un tuyau d’un pied de diamètre à une pompe ou à un réservoir, il en faudroit appliquer douze d’un pouce de diamètre chacun ; qu’au lieu d’un gros câble pour enlever quelque fardeau, on n’auroit qu’à multiplier les ficelles. Si ceux qui se sont déclarés contre les racines, à telle fin que de raison, avoient examiné & suivi les opérations de la nature, ils sauroient qu’une seule racine osseuse, tire plus de sève & travaille mieux que cent racines fibreuses & un millier de chevelues. Entre des exemples à l’infini de cette vérité, on produit celui des arbre ; fruitiers qu’on appelle sur franc. (Consultez ce mot) Ces sortes d’arbres n’ont pour la plupart, pour toutes racines, qu’un pivot en forme de crosse allongée ; cependant nuls arbres aussi abondans en sève. — Les jardiniers n’en veulent point parce qu’avec tous leurs efforts, ils ne peuvent les mettre à fruit, & dans nos mains il porte fruit d’abord. Il est un misérable proverbe du jardinage contre lequel les gens sensés ne peuvent trop s’élever. Si un jardinier plantait son père, il lui couperoit la tête & les pieds.


SUCRE. Sel essentiel, cristallisable, d’une saveur douce, agréable, contenu plus ou moins abondamment dans beaucoup d’espèces de végétaux, mais dans la plupart en trop petite quantité, ou embarrassé de trop de matières étrangères, pour qu’on puisse l’en tirer avec profit. M. Margraff en a retiré des racines de plusieurs de nos plantes potagères, telles que les panais, les carottes, les chervis, les poirées, les bette-raves ; on a découvert en Amérique une espèce d’érable dont le suc, traité comme celui de la canne à sucre, en fournit une assez grande quantité ; mais on ne connoît encore aucune plante comparable dans ses produits à la canne à sucre.

La chaleur du climat de France n’est pas assez forte, assez active pour en permettre la culture. Cette plante exige chez nous la serre chaude. Sans l’abondance des matières qui doivent encore entrer dans ce dernier volume, j’aurois détaillé les soins que cette plante exige, & la manière d’en obtenir le sucre : comme je ne l’ai jamais cultivée, il auroit fallu copier ce qui a été dit, & de simples répétitions deviennent superflues.

Le sucre est la seule substance connue dans la nature, qui soit susceptible de produire la fermentation vineuse, & par conséquent spiritueuse. Du vin, du cidre, du poiré, de la bierre, &c. (consultez ces mots) on n’en retire de l’esprit ardent ou eau-de-vie, que parce que les principes de ces liqueurs sont sucrés & en proportion suffisante.

Le suc des panais, des bette-raves, produiroit du vin, si la partie sucrée y étoit plus abondante.

Le sucre nourrit, augmente la soif, favorise le développement de l’air que contiennent les matières transportées dans l’estomac ou les intestins. Il est indiqué dans les maladies de poitrine où il faut diminuer l’âcreté des humeurs qui