L’individu est donc l’être ou la plante qui arrête nos yeux, considérée seule, isolée, indépendamment de son espèce, de son genre & de sa classe.
Cette idée générale des divisions deviendra plus claire, par l’application qu’on en fera à des méthodes particulières. Pour la rendre plus sensible dès-à-présent, empruntons l’ingénieuse comparaison de Caesalpin. Au moyen de ces distinctions, le règne végétal se trouve divis comme un grand corps de troupes. L’armée est divisée en régimens, les régimens en bataillons ; les bataillons en compagnies, les compagnies en pelotons, les pilotons en soldats.
Une pareille méthode ne conduit pas à connoître la plante qu’on étudie pour la première fois. Supposons dix mille plantes connues ; je cherche d’abord, dans la plante que j’ai sous les yeux, le caractère général qui sert à distinguer chacune des vingt-quatre classes, que je suppose former le systême. Ce premier caractère trouvé, je n’ai plus à reconnoître ma plante que sur cinq cens. Le caractère de l’ordre réduira bientôt ce nombre à une centaine de plantes environ ; celui du genre à une vingtaine ; le caractère alors, & me fait distinguer l’aspect que j’examine & la variété qui n’en diffère qu’accidentellement.
Cette opération présente, comme l’observe M. Duhamel, dans sa Physique des Arbres, autant de facilité & à près la même marche qu’un dictionnaire, ou pour trouver le mot donne, on cherche successivement la première, la seconde, la troisième mot Pour trouver Arbre, par exemple, on cherche l’A après l’A, l’R., & successivement le l’B, l’R & l’E. Le premier A représente le caractère de la classe ; l’R celui de l’ordre, le B celui du genre, l’R de l’espèce, l’E, de la variété & la méthode, ainsi que le dictionnaire en donne la description particulière.
Il est inutile de donner ici la description des méthodes ou systèmes inventés jusqu’à ce jour, contentons-nous d’indiquer celle de Tournefort & de Linné. Tournefort fonde sa méthode sur la forme de la corolle & sur le fruit ; Von Linné, sur les parties sexuelles des plantes. On peut dire que les deux systêmes sont fondés sur les mêmes principes, puisqu’ils sont tirés en général des parties de la fructification, c’est-à-dire, des parties qui concourent à la formation de la graine, unique fin de la nature végétant.
Les plantes se ressemblent ou diffèrent entr’elles, & on appelle caractère, ce point qui détermine leur ressemblance ou dissemblance. On compte 4 espèces de caractères ; 1". le factice ou artificiel, qui se tire d’un signe de convention ; par exemple, la forme des fleurs, le nombre des étamines ; 2°. l’essentiel remarquable, & si approprié aux plantes qui le porte, qu’il ne convient à aucun autre ; par exemple, le nectar des ellébores, de la fleur de la passion, &c. Ce caractère distingue essentiellement les genres, dans tous les ordres, & distingue essentiellement aussi tous les genres du même ordre, les uns des autres. 3°. Le naturel se tire de tous les signes que peuvent fournir les plantes. & comprend par conséquent le factice & l’essentiel ; on s’en sert pour distinguer les classes,