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férieures forment des paquets à part.

Le séchoir, (consultez planche XIII, fig, 1 l’article Taille des arbres, pag. 350) est un long & vaste bâtiment en bois quelquefois simplement recouvert en planches, & quelquefois avec des tuiles portées sur des chevrons. La figure 1 le présente vu de côté, se dans sa coupe intérieure ; & la fig. 2, vu en face, & sur sa forme extérieure. D’une poutre à l’autre B, sont placées des traverses C, sur lesquelles on place des bâtons d’un pouce de diamètre, qui traversent, fig. 3, dans la queue de la feuille, après que les femmes y ont fait une incision convenable à sa longueur avec la lame d’un couteau. Les feuilles sont ainsi mises les unes auprès des autres, sans qu’elles se touchent, & les bâtons sont portés sur des traverses, & rangés successivement sur toute la longueur, largeur & hauteur du séchoir.

L’extérieur du séchoir est revêtu de planches, comme il a été dit ; l’une est clouée à demeure contre les poutres, & retient les gonds qui supportent les pentures de la planche voisine, au moyen desquels on l’ouvre, ou on la ferme à volonté. C’est ainsi que sont pratiquées toutes les ouvertures de la partie supérieure du séchoir. Dans le bas, sur une hauteur de quatre à six pieds environ, les planches C fixes & les mouvantes sont placées sur la ligne horisontale, au lieu que celles du dessus, le sont perpendiculairement. Dans quelques endroits, les planches d’en bas s’ouvrent par une double brisure.

Lorsque le soleil est dans sa grande activité, on ferme toutes les ouvertures, parce que les feuilles se dessécheroient trop vite, & on les ouvre plus ou moins, suivant la chaleur du jour. Les planches inférieures ne touchent pas la terre ; il reste un vide de cinq ou six pouces, qui entretient un grand courant d’air frais, lorsque le tout est fermé.

J’ai vu, près de la campagne du Stathouder, le séchoir d’un simple cultivateur, moins coûteux que celui que je viens de décrire ; au lieu de planches, il garnissoit l’extérieur avec des fagots de fougère, traversés du haut en bas par des perches : le tout formoit les parois du séchoir. Vouloit-il augmenter le courant d’air ? il passoit entre chaque fagot un morceau de bois, de six pouces environ d’épaisseur, qui le soulevoit. Craignoit-il la trop grande dessiccation ? il serroit les fagots les uns contre les autres, & garnissoit avec de nouveaux fagots la partie qui restoit vide.

Lorsqu’une quantité de feuilles est sèche, on la met en paquets, liés par la queue des feuilles. Les feuilles mauvaises & de qualité inférieure sont roulées en manière de cordes, & forment les liens avec lesquels on serre les paquets. Ces paquets sont ensuite mis en piles de trois ou quatre pieds de hauteur, sur des claies ou planches, élevées au-dessus du sol, afin qu’elles ne contractent aucune humidité. Chaque qualité de feuilles est ainsi séparée & non confondue, jusqu’au moment du départ : alors on prend de grands panniers faits avec des osiers communs, dont le fond est garni avec des nattes de jonc, que l’on tire de Moscovie : on emballe & on presse les paquets les uns, contre les autres ; on les couvre