Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/370

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avec une natte semblable à celle du fond ; enfin, on assujettit le couvercle. Chaque pannier pèse ordinairement six cents net, sans la terre des nattes & du pannier.

Dans la Flandre Française, la culture est différente ; elle exige un peu moins de soins, parce que le climat diffère de celui de Hollande. On se sert de couches pour les semis. Elles sont abritées dans des cours ou contre des maisons. Le fumier est encaissé, battu, serré, ainsi qu’il a été dit à l’article couche, à la hauteur de deux pieds, & ensuite recouvert d’un pied de terre de jardin, mêlée avec les débris des vieilles couches. Ces encaissemens sont couronnés par des châssis mobiles qu’on ouvre & ferme à volonté. Du papier huilé & colé sur les cadres, tient lieu de verre. Dans plusieurs endroits de la Flandre, le tan est commun ; on le mêle avec le fumier, & en quelques endroits, le tan seul tient lieu de fumier, que l’on conserve avec soin, & qu’on emploie avec intelligence, dans la culture des champs. Peu de nos provinces de France peuvent comparer leur culture avec celle des Flamands ; d’autres se contentent de ranger de gros en gros une certaine quantité du monceau de fumier de la basse-cour, sur lequel ils jettent environ six à dix pouces de terre fine qui, lorsqu’elle est ravalée, sert à recevoir la graine. Une once de graine suffit pour la plantation de douze cents arpens de Paris en carré. Comme elle est extrêmement fine, on a la coutume de la mêler avec du sable que l’on répand le plus également que l’on peut, sur toute la couche. Alors on râtelle légèrement par-dessus, afin d’un peu l’enterrer : si elle l’est trop, elle ne lève pas. Quelques cultivateurs, afin de s’assurer de la germination, placent leurs graines entre deux couvertures de laine mouillées & déposées dans un lieu chaud. Lorsque le germe est bien prononcé, ils secouent cette graine sur la terre, en tenant soulevé parallèlement sur la surface de la terre, le côté de la couverture garni de graines, & frappent avec de petites baguettes & à petits coups, sur le côté qui regarde le ciel. C’est ainsi que la graine se détache de la couverture, & tombe doucement sur la couche, sans endommager le germe : alors on se hâte de couvrir le tout avec du terreau très-fin, & par une couche d’une ligne d’épaisseur. Le germe ne tarde pas à sortir de terre. Si l’on craint ces pluies battantes ou des gelées tardives, la couche est recouverte avec de la paille longue qui prévient leurs mauvais effets. Quelques cultivateurs ont des paillassons faits exprès. Ceux qui n’ont pas de couches en règle, garnissent tout le tour des leurs avec beaucoup de fagots d’épines, afin d’empêcher que les poules n’aillent les gratter. Si le sol de la couche est sec, on arrose très-légèrement & à plusieurs reprises, de la même manière que le feroit un aspersoir. Afin que ces premiers arrosemens ne tassent pas trop la terre, on la recouvre avec un peu de fumier pailleux & bien brisé ; il retient le cours de l’eau. Ceux qui ont des arrosoirs à grilles fines, semblables à celles des fleuristes, s’en servent avec succès. On sème vers la fin de février & pendant le mois de mars : on sarcle souvent.

Il est très-avantageux que ces se-