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de Hollande prises sur les lieux.

Je présume qu’il seroit important pour nos provinces méridionales, de mettre en pratique la suerie, en usage dans nos îles d’Amérique, attendu que la fermentation développe naturellement les principes contenus dans les feuilles, tandis qu’en France, en Flandres & en Hollande, la fermentation ne s’établit réellement que lorsque les feuilles sont réduites en carotte, & par le séjour de ces carottes amoncelées les unes sur les autres pendant plusieurs mois dans les magasins de la ferme. Ainsi les tabacs, ainsi préparés, ont toujours une odeur de verd, en comparaison des tabacs fabriqués avec les seules feuilles tirées d’Amérique.

La conversion des feuilles de tabac en carotte, les préparations & main d’œuvre qu’elles doivent subir, sont des objets étrangers au Cours d’Agriculture. On trouvera sur ce sujet de très-bons détails, & une explication bien faite dans le dictionnaire Encyclopédique.

Propriétés du tabac. Feuilles sèches, pulvérisées & inspirées par le nez, font éternuer avec plus ou moins de force, ceux qui ne sont pas habitués à cette poudre. L’usage immodéré, ou trop long-temps continué des feuilles prises sous cette forme, cause des vertiges, diminue la sensibilité de l’odorat jusques même à le rendre incapable de distinguer les espèces d’odeur ; il affaiblit la mémoire & diminue la vivacité de l’imagination ; il augmente le penchant vers l’apoplexie sanguine ; il nuit aux tempéramens bilieux & sanguins… Le Tabac réduit en poudre, est indiqué dans la douleur de tête, par des humeurs pituiteuses, dans la migraine causée par des humeurs séreuses, dans la disposition à l’apoplexie séreuse & pituiteuse, le larmoyement par l’abondance des humeurs séreuses & pituiteuses.

Les feuilles sèches, mâchées, rendent la sécrétion de la salive plus abondante, & en détermine l’excrcétion ; elles conviennent sous cette forme, dans la disposition à l’apoplexie pituiteuse, dans la paralysie par la suppression d’une humeur nécessaire, la paralysie de la langue, la paralysie pituiteuse, la douleur rhumatismale des dents, l’enchifrenement habituel, la surdité catarrale, la goutte sereine par suppression d’un écoulement naturel ou habituel ; elle causent des nausées, & souvent produisent le vomissement, lorsqu’il en passe dans l’estomac : elles nettoient, les dents, en préviennent la carie, raffermissent les gencives relâchées, & peu disposées à s’enflammer.

La fumée des feuilles, reçue dans la bouche, au moyen d’une pipe, est recommandée dans les mêmes espèces de maladies où la mastication de ces feuilles est utile : ses inconvéniens sont les mêmes, & peut-être plus nombreux. Elle fait rejeter une grande quantité de salive Utile pour la digestion ; elle diminue la sensibilité des organes du goût ; elle procure une sécheresse dans la bouche, l’arrière-bouche & les bronches pulmonaires ; elle donne lieu l’évacuation des humeurs muqueuses, qui viennent des amygdales & autres parties de l’arrière-bouche ; humeurs dont l’évaporation est rarement essentielle… La fumigation des feuilles, introduite dans l’anus, calme les coliques metteuses, convient dans l’apoplexie