Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/435

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ce n’est pas le point essentiel de cette expérience ; son véritable but est de prouver que l’eau a réellement dissous l’humus ; que cet humus est une vraie terre animalisée qui constitue la charpente des plantes ; enfin que c’est la seule qui entre dans leur composition.

Si on laisse putréfier des plantes de la même espèce, après qu’elles auront été amoncelées les unes sur les autres, jusqu’à leur dessiccation complète & à leur entière réduction en terreau, on se convaincra d’une manière plus particulière en répétant la même expérience que ci-dessus, que leur terre principe est une terre calcaire par excellence ; qu’elle est soluble dans l’eau ; qu’elle se précipite au fond du vase à mesure que l’évaporation s’exécute ; enfin qu’après la complète évaporation, on trouve une terre douce au toucher, & dont les molécules sont divisées à l’infinie.


TERREAU. On appelle ainsi toute espèce de fumier, soit animal, soit végétal, entièrement décomposé, & réduit en terre douce, fine & noire. Tel est celui des vieilles couches, celui que l’on trouve dans le tronc des vieux arbres, comme le saule, le noyer, le peuplier, & de tous les gros arbres que l’homme charpente par la taille. Consultez l’article mûrier, les mots chicots, onglets ; il y est indiqué pourquoi & comment le terreau s’y forme. Les fleuristes font avec raison, le plus grand cas de cette espèce de terre. Ils s’en servent particulièrement pour les marcottes d’œillets, les semis des plantes délicates, la plantation des renoncules, &c. Mais comme elle retient peu l’eau, à cause de la division de ses parties, elle exige de fréquens & petits arrosemens. Le fleuriste, avant d’employer cette terre, doit scrupuleusement examiner si elle ne contient pas des œufs d’insectes, sur-tout du hanneton, du rhinocéros, & parce que ces animaux la préfèrent à toute autre pour y faire leur ponte.


TERROIR. Terre considérée par rapport aux produits en agriculture ; mais ce mot terroir s’applique plus particulièrement à la qualité de ces produits. Par exemple ; on dit qu’un vin sent le terroir, a un goût de terroir. Les vins de Saint-Péret, de Seysuel, ont non-seulement l’odeur, mais la saveur de la violette. Ceux de Côte-Rôtie impriment sur le palais une saveur qu’on nomme de pierre-à-fusil ; ceux de Moselle, un goût d’ardoise ; des environs de Paris, une odeur & un goût de souci. Il faut cependant convenir que dans ce cas, l’odeur & le goût sont purement accessoires, parce qu’ils sont dûs, non au sol, mais à la quantité de plantes de souci qui croissent naturellement dans les vignes. C’est par la même raison, que dans certains cantons, les vins ont le goût d’aristoloche, &c. Quoi qu’il en soit, chaque production végétale d’un canton, n’a pas la même saveur que celle d’un autre canton ; & cette différence provient spécialement du terroir ; d’où il résulte qu’un gourmet distingue sans peine au goût, si tel vin est de Champagne, ou de Bourgogne, ou de Bordeaux, ou des provinces méridionales de France, &c. Il en seroit ainsi des fruits, des herbages, des blés, si on prenoit la