Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/500

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il trouva bientôt le moyen d’en faire avaler à ce cheval une dose convenable ; & cet animal qui se rouloit & se débattoit avec la plus grande violence, qui étoit en sueur, qui avoit les avives dures, enflées, les oreilles froides, enfin des symptômes du plus mauvais caractère, devint dans un instant calme, tranquille, & rendit une quantité prodigieuse d’excrémens ; c’étoit un jeune cheval, & sûrement il auroit succombé sous le traitement de celui qu’il avoit perdu. Quelques mois après une vieille jument de travail fut attaquée d’une colique qu’il jugea n’être pas tout-à-fait de la même espèce, quoiqu’elle eût des symptômes fort redoutables : elle fut aussi promptement guérie par le même remède, mais elle ne rendit que des vents ; c’étoient donc deux causes différentes, & l’éther peut convenir également aux coliques d’indigestion ou venteuses. Le lendemain cette jument fit son travail ordinaire, & n’en fut point incommodée.

Les bêtes à cornes sont encore plus fréquemment sujettes aux coliques que les chevaux, parce que passant d’une nourriture sèche & peu substantielle, dans des pâturages abondans, humides, ou étant nourries avec du trèfle ou de la luzerne sans ménagement, leurs digestions doivent être mauvaises ; mais M. le marquis de St.-Vincent ne s’est trouvé qu’une seule fois dans le cas d’éprouver l’éther sur une vache pleine, qui avoit une colique compliquée avec une autre maladie ; & il a jugé, par sa prompte guérison, du bon effet de ce remède pour les coliques des bêtes à cornes, & qu’on peut leur donner dans toutes les circonstances sans craindre d’accident.

La dose qui lui a paru convenable pour les animaux, est de cinquante à soixante gouttes d’éther ; & voici la manière qui lui a semblé la plus sûre & la plus commode pour leur faire avaler ce remède.

On fait attacher fort court le cheval ou la bête à corne au râtelier ; on fait remplir en même temps une corne d’eau pure, on met dans une cuiller de bois à long manche, du sucre en poudre, sur lequel on verse promptement environ cinquante gouttes d’éther ; on l’introduit aussi-tôt, & le plus avant possible, dans la bouche de l’animal, en même temps on laisse tomber l’eau contenue dans la corne, ce qui le force d’avaler le sucre éthéré. Après l’avoir laissé quelques minutes, & lorsqu’on juge que l’éther est bien passé, on détache l’animal, & si on veut on le fait promener par sa longe. On ne tardera pas à le voir se vider de vents ou d’excrémens, & rentrer dans son écurie parfaitement guéri. Il faut seulement éviter de lui donner à boire ou à manger avant deux ou trois heures. Nous ne saurions trop recommander de ne point tenailler & battre les avives aux chevaux ; (voyez Avives) cette méthode pernicieuse n’est malheureusement que trop suivie & usitée à la campagne.

Tranchées d’eau froide.

Cette maladie arrive lorsque le cheval étant à jeun ou en sueur, boit une grande quantité d’eau froide ; laquelle agissant fortement sur les nerfs de l’estomac, resserre les vaisseaux, y cause une inflammation,