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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/499

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TRANCHÉES, Colique des animaux. Médecine vétérinaire. En général, on donne le nom de tranchées ou coliques, à des douleurs aiguës qui se font sentir dans le bas-ventre es animaux ; on les distingue à raison des causes qui les produisent. On reconnoît des tranchées venteuses, des tranchées d’indigestion, des tranchées d’eau froide, des tranchées de vers, des tranchées de bézoard, & des tranchées rouges.

Nous allons traiter de chacune de ces tranchées en particulier.

Des tranchées venteuses.

Le ventre du cheval est distendu, la respiration est difficile, l’animal bat des flancs, il s’agite, il rend des vents par l’anus, le ventre résonne quand on le frappe.

On doit attribuer les causes les plus ordinaires des tranchées vendeuses, à la mauvaise digestion, à la putréfaction, à la fermentation des alimens, à la chaleur qui s’en échappe & qui raréfie l’air. (Voyez météorisme) On peut encore joindre à toutes ces causes, le relâchement des fibres des intestins ; dans ce cas, elles n’ont pas assez de force ni de ton pour chasser les vents, & delà les tranchées venteuses.

Traitement. Il est le même que celui que nous avons indiqué à l’article météorisme tympanite tome 6, page 517.

Tranchées d’indigestion.

On est assuré que le cheval est atteint de cette maladie, lorsqu’après avoir mangé beaucoup de grain, de foin ou d’autres alimens, il donne des signes de tranchées, il frappe du pied, il s’agite, il est appesanti, il allonge de temps en temps la tête, & respire difficilement.

Traitement. Il faut bien se garder de saigner le cheval, dans la crainte de diminuer les forces digestives, & de l’exposer à périr de suffocation ; donnez-lui au contraire une once de thériaque délayée dans un demi-septier de bon vin ; faites-lui avaler ensuite une grande quantité de décoction émoliente ; donnez-lui quelques lavemens de même nature, & terminez la cure par un lavement purgatif, composé de quatre onces de pulpe de casse, dissoute dans la même décoction.

Outre ces remèdes, on peut encore retirer un grand succès de celui qui a été éprouvé, en pareille circonstance, par M. le marquis de St.-Vincent, & qui n’est autre chose que l’éther vitriolique ; d’après son expérience, ce remède lui a toujours paru souverain pour toutes les coliques fréquentes parmi les habitans de la campagne, qui leur sont trop souvent occasionnées par les eaux crues, impures & séléniteuses dont ils usent indifféremment, & par la mauvaise qualité des alimens que prépare l’indigence. Il n’avoit pas encore entendu dire qu’on eût éprouvé cette liqueur sur les animaux ; la nécessité nous excite souvent à recourir à des moyens qui réussissent ; il venoit de perdre à la campagne un cheval danois très-vigoureux, dans un accès de colique, par l’impéritie trop ordinaire des maréchaux ; peu de temps après on vint l’avertir qu’un autre de ses chevaux avoit une colique semblable : il avoit déjà vu l’insuffisance des remèdes ordinaires pour ces maladies dangereuses ; il imagina d’essayer l’éther ;