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de l’anus ; & si les remèdes n’ont pu calmer l’inflammation, l’animal meurt pour l’ordinaire au bout de vingt-quatre heures, & quelquefois avant ce temps.

De l’avoine ou de la luzerne mangée en trop grande quantité, les breuvages spiritueux, les violens purgatifs, les boissons trop froides durant les grandes chaleurs de l’été, les mauvaises qualités des sucs contenus dans l’estomac ou les intestins, sont les principes les plus connus de cette maladie.

Curation. D’après la violence des symptômes ci-dessus désignés, on doit bien comprendre que la saignée à la veine jugulaire est le premier des remèdes pour modérer l’inflammation, relâcher les parties enflammées, & faciliter le passage des médicamens mucilagineux dans les intestins ; il convient même de la répéter quatre à cinq fois dans l’espace de vingt-quatre heures, ayant toujours égard à l’âge, au tempérament, à la saison, à l’espèce de malade, & à l’intensité de la maladie. Les lavemens mucilagineux & nitreux sont, après la saignée, ce qu’il y a de plus avantageux pour diminuer l’inflammation. Pour cet effet, prenez d’infusion de feuille de laitue trois livres ; faites-y dissoudre du nitre deux onces, pour un lavement que vous réitérerez cinq à six fois dans la journée ; la chaleur des tégumens & de la langue est-elle considérable, ajoutez-y de la crème de tartre, à la dose de demi-once ; ne présentez au malade aucun aliment de quelque nature qu’il soit ; donnez lui seulement une petite quantité d’eau blanche avec un peu de farine de froment, & tenant en solution une once de nitre sur environ six livres d’eau ; si cette eau blanchie irrite l’estomac, faites prendre une légère décoction de racine de guimauve ; ce breuvage ne doit être administré qu’à très-petite dose, & tiède. Les alimens contenus dans l’estomac du cheval étant dans l’impossibilité de sortir par l’orifice œsophagien, par la raison que nous en avons déjà donnée à l’article estomac, (voyez ce mot) il faut qu’ils passent par l’orifice duodénal, qui est la portion de l’estomac la plus exposée à l’inflammation. En faisant prendre à l’animal une trop grande quantité de fluide, l’estomac en seroit plus distendu, & loin de favoriser la sortie du fourrage qui y est contenu, on augmenteroit alors l’inflammation. Réitérez donc les breuvages, mais à petite dose ; donnez souvent des lavemens mucilagineux, & gardez-vous sur-tout, comme le font journellement les maréchaux de village, de confondre la maladie dont il s’agit avec la colique venteuse, & d’administrer en conséquence des breuvages aromatiques, spiritueux & purgatifs, qui conduisent l’animal à la mort la plus prompte & la plus violente.

Les animaux sont encore sujets aux tranchées rouges, ou à l’inflammation de l’estomac ou des intestins, par des substances vénéneuses qu’ils peuvent avoir avalé.

Aussi-tôt qu’un bœuf, par exemple, a avalé une plante ou une autre substance vénéneuse, il cesse de manger ; il s’agite, il se lève, il se couche, il bat des flancs, il soupire, le ventre s’enfle avec promptitude & d’une manière extraordinaire ; le mouvement du cœur augmente à mesure que les symptômes