Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/537

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par moi-même, je préviens que je vais copier cet article tout entier dans le dictionnaire de Miller.

caractères. L’enveloppe de la fleur est formée par deux feuilles angulaires qui tombent ; le calice est composé de deux feuilles oblongues, unies comme des pétales, & qui tombent ; la fleur est presqu’en forme de cloche. La corolle a six pétales obtus, cannelés à leur base, & dont les trois extérieurs tombent ; elle a un grand nombre d’étamines étroites, insérées au réceptacle de la fleur, & terminées par des anthères longues, étroites & fixées à leur côté, & avec plusieurs germes disposés en cône, sans style, mais couronnés par un stygmate simple & globulaire. Ces germes se changent par la suite en semences écailleuses, disposées les unes sur les autres en forme d’écailles de poisson, & semblables à un cône.

Cet arbre est originaire du nord de l’Amérique, où il s’élève à une hauteur considérable. Il est généralement connu dans tous les établissemens Anglois, sous le nom de peuplier. On a élevé de semences un grand nombre de ces arbres, & ils sont actuellement communs en Angleterre, ou ils fleurissent annuellement. Dans le commencement on cherchoit à le mettre à l’abri du froid, & cette dangereuse précaution en a fait périr beaucoup. Cet arbre aime les terrains naturellement froids & humides.

Les jeunes branches du tulipier sont couvertes d’une écorce lisse & purpurine ; elles sont garnies de larges feuilles dont les pétioles ont près de quatre pouces de longueur ; ces feuilles sont alternativement placées, & d’une forme singulière. Le lobe du milieu est tronqué & creusé à l’extrémité, comme s’il avoit été coupé avec des ciseaux. Les deux lobes latéraux sont arrondis & terminés en pointe émoussée. Ces feuilles ont quatre à cinq pouces de largeur à leur base, sur environ quatre de longueur ; elles ont une forte côte qui est la prolongation du pétiole. De cette côte principale partent plusieurs nervures transversales qui s’étendent jusqu’aux bords & se divisent en d’autres petites. La surface supérieure est lisse, d’un vert luisant, & le dessous est d’un vert pâle. Les fleurs, qui naissent à l’extrémité des branches, sont composées de six pétales dont trois sont extérieurs & trois sont intérieurs, qui forment une espèce de cloche ; ce qui lui a fait donner le nom de tulipe par les habitans d’Amérique. Ces pétales sont rayés de vert & de jaune, & marqués de taches rouges. Les fleurs produisent un effet charmant, quand les arbres en sont bien chargés. Elles paroissent en juillet, (l’auteur écrit en Angleterre) & quand elles sont tombées le germe se renfle & devient une espèce de cône qui ne mûrit point en Angleterre.

Catesby dit qu’en Amérique, il y a quelques-uns de ces arbres de trente pieds de circonférence, & que leurs branches sont inégales, irrégulières & fort tortueuses, ce qui les fait reconnoître à une très-grande distance quand ils sont dépouillés de leurs feuilles. On emploie son bois à différens usages, & surtout à faire des bateaux, & dans son tronc, qui est très-gros, on creuse des canots.