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force, avant de les mettre où elles doivent rester. Cependant plus on les enlève jeunes & mieux elles réussissent, parce que leurs racines s’entendent considérablement ; si on vient à les couper, on retarde beaucoup les plantes. Ainsi ces arbres ne doivent pas être transplantés étant grands, si l’on ne veut pas s’exposer à les voir périr. J’en ai cependant vu enlever d’assez gros qui ont résisté ; mais j’ai en même temps remarqué que de jeunes plantes de deux ou trois années que l’on avoit tenu serrées dans la pépinière, étoient devenues beaucoup plus grandes en quinze ans que ces vieux arbres.

Lorsqu’on a semé en pleine terre, il faut placer des cercles sur la plante, pour pouvoir la garantir des rayons du soleil durant la chaleur du jour, & on arrose souvent les plantes quand elles commencent à croître ; car si elles étoient trop exposées au soleil, elles ne feroient point de progrès. Tout le soin qu’elles exigent en été, c’est d’être tenues à l’ombre, nettes de mauvaises herbes & souvent arrosées ; mais comme les plantes de pleine terre ne poussent pas aussitôt que celles des couches, & qu’elles continuent à croître plus tard dans l’automne, il est nécessaire de les mettre à l’abri des premières gelées de cette saison ; car leurs branches étant beaucoup plus tendres que celles des plantes plus avancées, elles seroient aussi plus en danger de périr jusque sur terre, ce qui les retarderoit beaucoup ; souvent même elles seroient entièrement détruites, si l’on ne prenoit pas la précaution de les garantir des gelées du premier hiver.

Comme ces plantes auront fait moins de progrès que les autres, il sera nécessaire de les laisser un an de plus dans le semis avant de les transplanter, & il suffira, pendant cette seconde année, de les tenir nettes de mauvaises herbes ; car elles sont alors moins exposées à souffrir du soleil que dans la première année, & il ne faudra pas les abriter avec autant de soin. Si l’automne est sèche, leurs branches cesseront plutôt de croître ; & étant plus dures, elles seront moins exposées à être endommagées par les premières gelées.

Après ces deux premières années, les plantes seront assez fortes pour être transplantées. Ainsi, avant que leurs boutons commencent à se renfler au printemps, on les enlèvera pour les mettre en pépinière, ou on les traitera comme les plantes élevées sur couche.

Quelques personnes multiplient cet arbre par marcottes ; mais alors il lui faut communément deux ou trois ans pour prendre racine, & les plantes ainsi élevées font rarement des arbres aussi droits que ceux qu’on élevé de semences ; cependant les marcottes produisent des fleurs beaucoup plutôt, comme il arrive toujours aux plantes bornées dans la croissance.

Cet arbre se plaît dans un sol humide, léger, sur lequel il profitera beaucoup mieux que dans une glaise forte, ou une terre sèche & graveleuse ; car en Amérique, on le trouve ordinairement dans des terrains humides & légers, où il s’élève à une hauteur prodigieuse. Il n’est pas prudent, malgré cela, de planter ces arbres dans des terres trop humides, parce qu’ils peuvent être en danger d’y pourrir, sur-tout si le fond de ce terrain est une argile