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ou une marne forte qui retienne l’humidité.


TUMEUR. Agriculture. Voyez Loupe.

Tumeur. Médecine rurale. Élévation contre nature, qui excède le niveau de la peau de notre corps ; il n’y a aucune partie qui en soit à l’abri.

Nous distinguerons, avec Astruc, les tumeurs, en naturelles, non naturelles & contre nature.

Nous appellerons comme lui, tumeurs naturelles, celles qui appartiennent a la conformation du corps, comme le nez, les pommettes du visage, les oignons du gros doigt du pied ; les non naturelles n’appartiennent point à la conformation naturelle du corps, mais surviennent à quelques parties pour des usages particuliers, comme la grosseur du ventre dans les femme, enceintes.

Enfin, les tumeurs contre nature arrivent toujours contre l’ordre de la nature, & sont par conséquent de véritables maladies. Ces dernières tumeurs viennent en général de deux causes, ou du déplacement de quelques parties du corps, solides ou molles ; c’est ainsi que la luxation de la tête de l’humérus produit une tumeur dans l’aisselle, & que la descente de l’épiploon ou du boyau, produit une tumeur dans l’aîne ; ou de l’amas de quelque humeur retenue dans quelque partie. Ces tumeurs sont appelées humorales ; elles sont ou chaudes ou froides. Celles qui sont chaudes ou inflammatoires se forment toujours par fluxion & promptement ; elles s’annoncent ordinairement par des symptômes violens, tel que l’enflûre, la tension, l’inflammation, la rougeur, la douleur, la pulsation, la démangeaison, la fièvre forte, le délire, quelquefois même les convulsions ; l’érésipèle & le phlegmon n’ont point d’autres caractères.

Celles au contraire qui sont froides, se forment par congestion lente, & ne sont jamais précédées ni suivies de symptômes inflammatoires, à moins qu’elles ne participent du caractère des deux premières. Le squirre & l’œdème nous en fournissent une preuve non équivoque.

Rien de plus commun que de voir les longues maladies se terminer par des tumeurs qui sont toujours critiques, sur-tout si elles paroissent sur la fin de la maladie, & si elles se fixent sur des organes éloignés de ceux qui sont le plus essentiels à la vie.

Il n’en est pas de même si elles paroissent de bonne heure, & que le malade devienne plus affaissé ; c’est alors qu’elles prennent un caractère d’une malignité décidée, & qu’elles font craindre pour les jours de ceux qui en sont attaqués.

Nous n’insisterons plus sur la division des tumeurs, elle nous méneroit trop loin ; nous nous contenterons de tracer ici les indications que l’on doit avoir en vue dans leur curation générale. Elles se réduisent, 1°. à tenter la résolution, si cela est possible, en détournant dans le principe, les humeurs qui se jettent sur la partie pour y former la tumeur ; 2°. d’exciter la suppuration, si la résolution a été impossible ; 3°. d’ouvrir la tumeur, pour en évacuer la matière qu’il