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2°. En essentielles & en critiques ; les essentielles sont celles qui ne dépendent d’aucune autre maladie, tandis que les secondes, ou les critiques, sont celles qui se font par manière de crise, & qui sont les effets d’une maladie primitive, comme, par exemple, le bubon, l’anthrax au charbon. Toutes les tumeurs qui se forment par métastase, c’est-à-dire, par translation de l’humeur morbifique du dedans au-dehors, ou d’une partie à une autre.

3°. En bénignes, qui ne sont accompagnées d’aucun danger ; & en malignes, qui, par leur mauvais caractère, font craindre pour la vie de l’animal.

Les tumeurs dont la matière est renfermée dans une petite vessie ou membrane, qu’on nomme kiste, (voyez ce mot) s’appellent tumeurs enkistées ; on les connoît aussi sous le nom de loupes. (Voyez Loupe)

Les symptômes des tumeurs inflammatoires sont l’enflûre, la tension, l’inflammation, la rougeur, la pulsation, la démangeaison, la fièvre, la suppuration, l’endurcissement, la gangrène, le sphacèle, la métastase, &c. (Voyez tous ces mots)

Les tumeurs froides ne sont pas accompagnées, ni suivies d’un si grand nombre de symptômes que les inflammatoires, à moins que quelquefois l’inflammation ne s’y joigne ; alors elles peuvent devenir douloureuses, suppurer & dégénérer en ulcères malins ; la gangrène y peut même subvenir, particulièrement à l’œdème, quand la sérosité devenue âcre par son séjour, relâche non-seulement les fibres, mais aussi les ronge & les corrode ou les flétrit, & empêche le cours du sang & des esprits.

Remarques pratiques sur les tumeurs des animaux.

1°. Avant que d’appliquer des médicamens sur une tumeur, considérez plutôt de quelle nature est le mal que vous entreprenez de guérir.

S’il y a chaleur, tension, douleur, c’est un signe de tumeur inflammatoire ; dans ce cas, appliquez le remède, n°. 1, que vous trouverez dans les formules ci-après. (Voyez à la fin de ce paragraphe

Si, après trois, quatre, cinq jours, les symptômes ci-dessus existent dans le même état, & même augmentent, c’est une preuve que la tumeur changera de nature ; c’est-à-dire, qu’elle tournera en suppuration, ou en gangrène, ou en squirre.

2°. La tumeur cesse-t-elle d’être sensible, y a-t-il moins de chaleur & de tension ? c’est une preuve de résolution ; employez le remède, n°. 2. & les suivans, si les premiers sont infructueux, & continuez jusqu’à parfaite guérison.

3°. Si la tumeur subsiste dans le même état jusqu’au cinquième jour, il y a lieu de croire qu’il se forme un abcès, pour-lors employez le remède, n°. 3.

4°. Si en touchant la tumeur, vous vous apercevez d’un endroit plus mal, où le poil tombe, où la peau blanchit, & où le doigt repousse, c’est une preuve qu’il y a de la suppuration : dans ce cas, ouvrez l’abcès, & servez-vous de la pointe du bistouri, & non point de pointes du feu, comme font la plupart des