Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/543

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maréchaux, & ouvrez du centre à la circonférence, toujours dans la partie la plus déclive, afin que le pus s’écoule, ayez soin de n’enfoncer la lame du bistouri, que ce qu’il faut pour percer la tumeur, de peur de couper des parties essentielles ; ce que vous éviterez en prenant la lame entre le pouce & le second doigt.

4°. Tout abcès dans les parties charnues, telles que le col, l’épaule, le bras, la fesse, la cuisse, doit être percé au dernier degré de maturité, tandis que ceux qui surviennent dans les parties tendineuses, telles qu’au genou, au jarret, au canon, etc., doivent être hâtés, de peur que la suppuration ne gâte les parties, en s’insinuant plus profondément entre les muscles, dans les gaînes des tendons, & les capsules des articulations.

5°. En général, prenez bien garde de percer une tumeur inflammatoire qui tend à suppuration ; la gangrène y survient aisément, principalement dans les parties glanduleuses, telles qu’aux glandes parotides, sous la ganache, & comme on le voit arriver à la plupart des maréchaux de la campagne, sur-tout par ceux qui emploient le feu.

6°. Si une tumeur ne se résout pas, qu’elle soit dure, insensible, elle se nomme squirre (Voyez ce mot) ; emportez-la avec de bistouri, & ayez attention de ménager la peau, comme on le doit dans toutes les opérations. Pour cet effet, ouvrez la peau dans toute la longueur de la tumeur, détachez-en les bords ; ayez bien soin de laisser le plus de tissu cellulaire que vous le pourrez ; & cela, jusqu’à ce que vous ayez passé le centre du squirre, que vous enlèverez ensuite, ou d’une seule pièce, ou en côte de melon ; les loupes au poitrail, au coude, à la pointe de l’épaule, s’enlèvent de cette manière. (Voyez Loupe).

7. Lorsqu’une tumeur inflammatoire, au lieu de prendre les voies de la résolution ou de la suppuration, devient froide, mollasse ; si le poil de cet endroit tombe, s’il en découle une espèce de sérosité roussâtre ; si cette tumeur est insensible, il y a lieu de croire que l’inflammation est tournée en gangrène : dans ce cas, emportez sur le champ toute la partie jusqu’au vif, jusqu’à ce que le sang vienne de toutes parts ; employez les remèdes nos. 4 & 5, que vous donnerez intérieurement, & extérieurement les nos. 6 & 7 ; & quand la suppuration sera bien établie, mettez en usage le n°. 8.

8. Il arrive assez souvent des grosseurs sous le ventre du cheval, qui s’étendent depuis le dessous du poitrail jusqu’au fourreau, en dedans des cuisses, sur les jambes, quelquefois dans toute l’habitude du corps. Si ces tumeurs, en les touchant avec le doigt, en laissent la marque, & qu’il y ait une dépression, qu’il n’y ait point ou presque point de sensibilité, on les nomme œdèmes, ou tumeurs aqueuses, séreuses. (Voyez Œdème). Dans ce cas, mettez en usage les remèdes du n°. 2 ; mais s’il arrivoit que ces tumeurs devinssent froides, & qu’elles augmentassent considérablement, faites, pour prévenir la gangrène, des scarifications avec le bistouri ; & de distance en distance, en n’allant que jusqu’aux muscles ; & mettez en