Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/588

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

& les sueurs froides, peuvent distinguer cette dernière, qui d’ailleurs est fort courte, quel qu’en soit l’événement, pendant que l’accès hystérique peut durer plusieurs jours. Dans quelques femmes, le poulx est totalement éclipsé, & la respiration se fait d’une manière si insensible, qu’elle ne ternit point la glace, & n’ébranle point la flamme d’une bougie qu’on présente au nez. La roideur du corps les a fait passer pour mortes plus d’une fois ; & il peut arriver de cette méprise le plus affreux de tous les malheurs.

» Plusieurs hystériques, quoique sans mouvement & sans paroles, entendent tout ce qu’on dit, & voient même tout ce qu’on fait auprès d’elles. On en a vu revenir par un mouvement de colère contre ceux qui vouloient faire quelque chose qui leur déplaisoit. Une, entr’autres, citée par M. Lieutaud, à laquelle on vouloit appliquer des vésicatoires qu’elle avoit en aversion, prit si bien ses dimensions, qu’elle appliqua le plus vigoureux soufflet à son chirurgien ; & ce qu’il y a de plus surprenant, c’est qu’elle retomba dans son premier état, mais qu’elle fit respecter.

» Vezale voulut disséquer le prétendu cadavre d’une femme qui étoit depuis long-temps dans une pareille syncope ; la fin de son attaque approchoit sans doute ; elle se plaignit vivement au premier coup de scalpel, ce qui causa une double frayeur à l’anatomiste, qui quitta l’Espagne, pour se mettre à l’abri de l’inquisition. Asclepiade fut plus heureux : il rencontra le cadavre d’une femme qu’on portoit au tombeau, il s’en approcha, & il reconnut qu’elle n’étoit pas morte, mais qu’elle étoit en syncope. J’ai vu moi-même, nous dit M. Vaulin, des syncopes durer près d’un jour. Et moi j’ajoute, en avoir vu durer plusieurs jours de suite. Il retarda les funérailles d’une fille du peuple, parce que sa couleur n’étoit pas tout-à-fait changée, & elle se rétablit quelques heures après. On voit par ces exemples, ajoute-t-il, combien il faut être sur les gardes dans les maladies vaporeuses, pour ne pas confondre avec les morts, des personnes vivantes.

» L’accès hystérique se termine quelquefois par les sueurs, & encore plus souvent par les urines. Lorsque les malades en sortent, elles poussent de longs soupirs, & font souvent des éclats de rire avec mille gestes ridicules ; quand la raison est revenue, elles se plaignent d’une pesanteur douloureuse à la tête ; elles se sentent un grand accablement & le corps brisé. »

Quoiqu’on général le paroxisme des vapeurs ne soit pas beaucoup à craindre, néanmoins on l’a vu quelquefois dégénérer en léthargie ou en vraie apoplexie, & causer la mort de ceux qui en étoient atteint.

L’atrophie vient souvent à la suite de cette maladie, sur-tout lorsqu’elle est longue ; il est même bien difficile d’en revenir, s’il existe un vice organique dans la matrice ou dans les autres viscères abdominaux.

Il y a deux sortes de causes qui peuvent produire les vapeurs. Les unes sont physiques, les autres sont morales. Nous rapporterons aux causes physiques le défaut d’excrétion de la semence, les obstructions des vaisseaux de la matrice, la crasse