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trop fermentescible ou trop visqueuse du sang, à la suppression, ou la diminution des règles.

Les causes morales sont plus nombreuses, & dans cette classe, on doit d’abord y comprendre l’oisiveté, le luxe & ses douceurs perfides. Les affections douces & tendres qui succèdent à l’énergie des passions, la tranquillité qui prend la place de la crainte. Les spectacles, l’abus des amusemens de toute espèce, les plaisirs sous mille formes différentes, ébranlent tout le systême nerveux, & bientôt par des secousses répétées & des efforts contraires, énervent les facultés de l’ame, & conduisent à la saciété, au dégoût & à la langueur, source féconde, de laquelle découlent ces maux cruels qui affligent le sexe, qu’une organisation plus délicate, une plus grande irritabilité rend aussi plus sujet aux maladies qui en sont la suite.

Mais la mollesse & les délices de la vie, ne sont pas les seules causes des vapeurs, l’on doit y ajouter la vie sédentaire, le malheurs & les chagrin de toute espèce, le choc des pulsions vives ou tendres, les mouvemens violens de l’ame, la contention d’esprit, l’étude, la disposition à la tendresse, un amour malheureux, des désirs effrénés & rendus vains ou satisfaits avec trop d’abandon ; enfin, tout ce qui peut agiter vivement les nerfs, déranger l’ordre de leurs mouvemens, & troubler les fonctions de l’ame.

Après avoir parlé des causes morales, il ne sera point inutile d’exposer ici les signes de cette maladie, que l’on peut appeler moraux : tels sont une mélancolie profonde, un ennui, qui rendent la vie insupportable, sans raison apparente de joie ou de tristesse, des appétits déréglés, du caprice dans les goûts, de la répugnance pour les objets qui paroissoient les plus aimables, tandis que l’on est entraîné vers ceux qui nous étaient odieux ; des craintes sans fondement, des songes fatigans qui dérangent le sommeil, des spasmes, des palpitations, des tremblemens à la nouvelle la moins intéressante, à la simple arrivée d’une personne inattendue, & tant d’autres symptômes qui dépendent tous de la lésion dans les fonctions de l’ame, plutôt que d’une cause matérielle.

Traitement des vapeurs par cause physique.

On s’attachera à reconnoître si la crasse du sang est trop fermentescible ou trop visqueuse.

On reconnoît cet état fermentescible à la vivacité du poulx, à la chaleur forte, & à la sensibilité portée à un tel degré, que les odeurs fortes en déterminent l’accès ; & l’état visqueux à la foiblesse du poulx, au froid que la malade ressent au fondement. Dans le premier, on doit pratiquer la saignée, donner des émulsions & autres tempérans. Dans le dernier, au contraire, comme il y a toujours des obstructions, il faut mettre en usage l’extrait d’hellébore noir, & l’électuaire calibé.

Lorsque la suppression du flux menstruel, ou l’excrétion de semence, sont les causes de cette maladie, il faut, dans le premier cas, faire saigner, même dans l’ac-