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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/611

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jusqu’à ce qu’il soit bien lié, & réduit à une bonne, panade. Un quart-d’heure après, elle leur donne un biscuit, & un gobelet ordinaire de vin blanc pur, ou détrempé avec de l’eau, ou de l’eau toute pure à ceux qui ne sont pas habitués au vin.

» Si le malade n’a pas été à la garde-robe ce jour-là, ou qu’il soit échauffé ou sujet aux constipations, ce qui est rare, quand on a le ver plat, madame Nouffer lui fait prendre un lavement fait avec une petite poignée de feuilles de mauve & de guimauve bouillies dans suffisante quantité d’eau ; on y ajoute une pincée de sel ordinaire, & après avoir coulé, deux onces d’huile d’olive ; il doit le garder le plus long-temps qu’il pourra ; ensuite il se couche, & repose de son mieux.

Le lendemain de grand matin, environ huit ou neuf heures après la soupe, il prend dans son lit, le spécifique, composé de deux, ou trois gros de la racine de fougère mâle, cueillie en automne & réduite en poudre très-fine ; délayez cette poudre dans quatre à six onces d’eau de fougère, ou de fleurs de tilleul. Il faut que le malade passe deux ou trois fois de cette même eau dans son gobelet, & qu’il la boive après s’en être rincé la bouche, pour n’y rien laisser ; & pour faire passer les nausées qui viennent quelquefois à la suite, il mâche du citron, ou se gargarise la bouche avec quelque liqueur, sans rien avaler, ou il se contente de respirer du bon vinaigre. Si malgré ces précautions, les nausées sont trop fortes, si les efforts du malade pour garder le spécifique sont impuissans, il en reprendra une nouvelle dose, dès que les nausées seront passées, & tâchera de s’endormir aussi-tôt après. Au bout de deux heures, il se levera pour prendre le bol purgatif en une ou plusieurs prises, fait avec dix grains de panacée mercurielle sublimée, quatorze fois autant de scamonée d’alep bien choisie : six à sept grains de gomme gutte bonne & fraîche. On réduit séparément chacune de cet substances en poudre fine, & on les mêle ensemble avec de la bonne confection hyacinthe. Le malade boira par dessus une ou deux tasses de thé vert peu chargé ; il se promènera ensuite dans la chambre.

Lorsque la purgation commencera à faire son effet, il prendra de temps à autre, une nouvelle tasse de thé léger, jusqu’à ce que le ver soit rendu. Alors & pas avant, madame Nouffer lui donne un bon bouillon qui est bientôt suivi d’un autre, ou d’une soupe, si le malade la préfère.

Il dîne comme on fait un jour de purgation : après le dîner, il se repose sur son lit, ou va faire un tour de promenade, se conduisant tout ce jour avec ménagement, soupant peu, & évitant les alimens indigestes.

La guérison est alors parfaite ; mais elle ne s’opère pas avec la même promptitude dans tous les sujets. Celui qui n’a pas gardé tout le bol, ou que le bol ne purge pas assez, prend, au bout de quatre heures, depuis deux jusqu’à huit gros de sel de Sedlitz, ou, à son défaut de sel d’epsom, dissous dans un petit gobelet d’eau bouillante. On varie la dose selon le tempérament, & les circonstances.