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Si le ver ne tombe pas en pelotons, mais qu’il file, (ce qui arrive quand le ver est engagé dans des glaires tenaces qui ont peine à se détacher) le malade doit rester à la garde-robe sans le tirer, & boire du thé léger un peu chaud. Quelquefois cela ne suffit pas, & l’on a recours à une dose de sel de Sedlitz, sans changer de situation, jusqu’à ce que le ver soit rendu.

Il est rare que les malades qui Ont gardé le spécifique & la purgation, ne rendent pas le ver avant l’heure du dîner. Ce cas particulier a lieu, lorsque le ver tué, reste en gros pelotons dans les intestins, de façon que les matières, ordinairement plus claires sur la fin de la purgation, passent au travers, & ne l’entraînent pas. Le malade peut alors dîner, & l’on a observé que le manger joint à un lavement, concouroit à la sortie du ver.

Quelquefois le ver sort par l’action seule du spécifique, avant qu’on ait pris le bol ; alors madame Nouffer ne donne que deux tiers de celui-ci, ou elle lui substitue le sel.

Les malades ne doivent point s’inquiéter des chaleurs & des malaises qu’ils éprouvent quelquefois pendant l’action du remède, avant ou après une forte évacuation, ou lorsqu’ils sont prêts à rendre le ver. Ces impressions sont passagères, & se dissipent d’elles-mêmes, ou à l’aide du vinaigre respiré par le nez.

Ceux qui ont vomi le spécifique & le bol, ou qui n’en ont gardé qu’une partie, ne rendent quelquefois pas de ver ce jour-la. Madame Nouffer leur fait reprendre le soir la soupe, le biscuit, la boisson, & suivant les circonstances, le lavement.

Si le ver ne sort pas dans la nuit, elle donne le lendemain, de bon matin, une nouvelle dose de spécifique. Deux heures après, six à huit gros de sel, & dirige du reste son malade, comme le jour précédent, à l’exception du bol qu’elle supprime.

Elle observe en finissant que les grandes chaleurs diminuent un peu l’action de son remède ; aussi a-t-elle toujours préféré de l’administrer dans le mois de septembre. Quand elle n’a pas eu le choix de la saison, & qu’elle s’est vu obligée de traiter des malades dans les jours les plus chauds de l’été, elle donnoit le spécifique de très-grand matin. Avec cette précaution, elle n’a remarqué aucune différence dans les effets, ni dans les suites.

Le ver solitaire est le seul sur lequel le remède de madame Nouffer a une action certaine. Quoiqu’elle le regarde aussi comme très-utile contre le ver cucurbitin, elle avertit pourtant que ce dernier est beaucoup plus difficile a déraciner, & que pour en guérir, il faut répéter le traitement plus ou moins souvent, selon la constitution du malade.

J’ai eu occasion de traiter des personnes attaquées du ver solitaire ; j’ai suivi exactement la méthode que je viens d’exposer ; elle m’a toujours bien réussi, non-seulement contre le ténia, mais encore contre les ascarides & le ver cucurbitin : je dois cet hommage à la vérité, & à la bonté du remède de madame Nouffer ; mais je ne puis passer sous silence les bons effets que j’ai retiré de l’administration de l’huile de ricin, ou de palma Christi, connue en Angleterre sous le nom d’huile de castor, contre le ver solitaire.