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Je l’ai donné trois fois à la dose de trois onces chaque fois, à trois adultes, délayé dans six cuillerées d’eau de pourpier ; trois heures après son exhibition, deux malades ont évacué par le dos, un peloton de vers longs & ronds, & le troisième rendit une portion de ver solitaire, ayant trois pieds de long.

Je me propose, d’après cette expérience, de multiplier dans mon jardin les plantes du ricin, qui sont très-communes en Languedoc, pour retirer de son amande une quantité d’huile assez suffisante pour en donner gratuitement aux pauvres qui pourront en avoir besoin.

Pour l’ordinaire, on donne cette huile pure, sans aucun mélange, par cuillerée à bouche, d’heure en heure, jusqu’à ce qu’elle ait évacué le malade trois ou quatre fois. M. Duplanil a devers lui plusieurs observations, qui ne permettent point de révoquer en doute la vertu vermifuge de cette huile. Il a vu une demoiselle d’environ trente ans, qui, après avoir pris la seconde cuillerée de ce remède, rendit une quantité prodigieuse de vers, parmi lesquels on aperçut quelques portions du ver cucurbitain.

Il ne suffit pas d’avoir chassé les vers, il faut encore prévenir leur génération ; sous ce point de vue, je conseille beaucoup l’usage du quinquina, les infusions ou les décoctions des substances amères, telles que la petite centaurée, l’absinthe, la camomille, les tiges d’abrotanum, les feuilles du marrube blanc, l’eau seconde de chaux, le vin calibé. Tous ces remèdes sont propres à remonter les fibres de l’estomac, sur-tout s’il est resté foible & relâché.

M. Ami.

Vers. Médecine vétérinaire.

Traitement des maladies vermineuses. De toutes les maladies qui affectent les animaux, aucune n’a une cause plus occulte que celles qui sont produits par les vers.

Ces animalcules parasites se logent par-tout ; les uns habitent de préférence les intestins & l’estomac, les autres sont logés dans les vaisseaux ; d’autres paroissent hors des voies de la circulation, & se montrent sur la surface extérieure des viscères sanguins, membraneux, & même sur la pie-mère ; d’autres sont renfermés dans les viscères mêmes : il en est encore qui se plaisent dans les cavités nasales & dans la gorge ; d’autres enfin qui sont entre cuir & chair, ou dans l’épaisseur des tégumens, sous les cornes, sous l’ongle, &c.

Les uns & les autres tourmentent chacun à leur manière, plus ou moins les animaux, suivant qu’ils sont plus ou moins multipliés, & sur-tout suivant les lieux plus ou moins sensibles & irritables qu’ils occupent, qu’ils irritent, dévorent & détruisent.

Ces insectes produisent en général des coliques, le dépérissement, la tristesse, le dégoût, ou des appétits voraces, ou des appétits entièrement dépravés, des fluxions périodiques, la cécité, le tic, des claudications inopinées, des convulsions, le vertige, la consomption & la mort.

Six sortes de vers affectent les animaux domestiques ; plusieurs de ces insectes se trouvent également dans le corps des autres animaux ; mais nous n’en parlerons que pour faire objet de comparaison, tout étant dans la nature sujet de curiosité ou d’intérêt pour l’homme ou le philosophe qui contemple.