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CHAPITRE XIII.

Des moyens de conserver la graine jusqu’au temps de la couvée.

Lorsque toutes les femelles ont fini leur ponte, il faut les jeter. On laisse les morceaux d’étoffe sur lesquels la graine est collée, attachés au mur, pendant quinze jours environ, si l’endroit n’est pas trop chaud ; autrement il seroit nécessaire de les placer dans un endroit frais, afin d’éviter la fermentation que pourroit occasionner une chaleur trop forte, & peut-être le développement du germe, qui sans être suivi de la naissance du ver, lui nuiroit considérablement. On évitera avec soin de balayer, & de ne rien faire qui puisse occasionner de la poussière : elle se colleroit sur la coque fraîche des œufs, en boucheroit les pores, & le germe courroit risque d’être étouffé. Au bout de quinze ou vingt jours, on détache les morceaux d’étoffe de dessus le mur, & l’on dispose la graine de façon qu’on puisse la conserver jusqu’à l’année suivante.

Il faut user des mêmes précautions pour conserver la graine, que pour la ponte ; c’est-à-dire, qu’on doit éviter de la tenir dans un endroit chaud, où elle éclôroit infailliblement au bout d’un certain temps. Placez-la donc dans un endroit frais, mais sans être humide, car elle seroit exposée à la moisissure ou à la fermentation, & alors elle seroit gâtée. Je n’approuve pas la méthode des personnes qui détachent la graine des morceaux d’étoffe, quinze ou vingt jours après la ponte, pour la placer dans des pots de terre vernissés, ou dans des vases d’étain. Elle peut s’échauffer, si elle est trop entassée. On est obligé de la visiter souvent, de la remuer. Sans cette précaution, on court les risques de la fermentation.

J’aime beaucoup mieux la méthode simple des magnaniers. Voici en quoi elle consiste. Quinze jours environ après la ponte, ils détachent du mur les morceaux d’étoffe sur lesquels la graine est collée, ils mettent un vieux linge blanc de lessive, par-dessus, & font un rouleau de chaque morceau. Tous ces rouleaux sont mis dans un sac suspendu au plancher & à un courant d’air. Si la chaleur devient trop forte, le sac est porté dans un endroit frais, mais pas humide, & déposé dans un coffre ou dans une armoire. Lorsque la chaleur diminue, le sac qui renferme la graine, est de nouveau suspendu au plancher dans un endroit ou il a un courant d’air. Dès que l’hiver approche, on promène encore le sac, & on le suspend au plancher de la chambre, où l’on fait le ménage. Si le froid devient rigoureux, le sac est suspendu au ciel du lit du côté des pieds, & aussitôt que le froid cesse d’être rigoureux, il est remis au plancher de la chambre où l’on fait le ménage. Quoiqu’on y fasse du feu presque tout le jour, la chaleur n’y est jamais assez considérable pour qu’elle soit nuisible à la graine. En suivant ce procédé, on est presque assuré que la graine sera toujours à-peu-près à la même température, & qu’au temps de la couvée elle éclôra également.

Relativement à ce procédé, il ne