Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/120

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reux qu’il faut attribuer les grands produits qu’ils obtiennent par la cultivation. Il s’en faut beaucoup, car il n’est, pour ainsi dire, aucune sorte de plante cultivée en Angleterre, que nous ne puissions obtenir en France, et douée de qualités plus éminentes que les leurs. Il est même un grand nombre de végétaux précieux naturalisés parmi nous, et dont ils ont été forcés de faire le pénible sacrifice après de fréquentes, de coûteuses et de vaines tentatives. Par exemple, ils n’ont, ils n’auront jamais ni le mûrier, ni l’olivier, ni le maïs, ni nos excellens fruits, ni sur-tout nos vignes vinifères, agricolement parlant[1] ; car il ne faut pas regarder comme vignes propres au vin ces treilles nommées par eux vigneries, qu’ils élèvent à grands frais, dans des serres, qu’ils espalient et entretiennent à plus grands frais encore le long des murailles artistement enduites, surmontées de auvents en vitraux qui reposent au midi sur des espèces de contre-murs en verre ; précautions indispensables chez eux, et pour garantir à-propos les plants du contact de l’air extérieur, et pour introduire et fixer dans l’enceinte qu’ils occupent une plus grande masse de lumière ou une plus grande intensité de chaleur. Même en France, jamais le raisin de

  1. On agitoit encore en Angleterre, il n’y a pas long-temps, la question : Si les lieux qui, dans différens comtés, portent encore le nom de vignes, ont réellement été des plantations de vignes destinées à faire du vin. C’est un mémoire du R. Samuel Pegge, inséré dans le premier volume de l’Archœlogie de la société des antiquaires de Londres, sur l’introduction, les progrès et l’état de la culture de la vigne dans la Grande-Bretagne, qui donna lieu à cette discussion. Le doyen Barington, dans ses observations sur les plus anciens statuts, combattit l’opinion de M. Pegge, et soutint que ce qu’on appelloit vignes en Angleterre, n’étoient que des vergers, de potagers, ou enfin, tout ce que l’on vouloit, excepté de véritables vignes. À l’appui de sa réplique, M. Pegge a cité l’itinéraire du docteur Stakeley dans lequel celui-ci prouve incontestablement l’existence d’une vigne près Dhippin-Norton. Il y a eu aussi des plantations de vignes, dans le comté de Kent. Enfin Medooc, dans son histoire de l’Échiquier, rapporte qu’il étoit alloué, dans les comptes des shériffs de Northamptonshire et de Leicestershire, une somme pour la culture de la vigne et la livrée du vigneron du roi, à Bockingham. Il ajoute que feu le D. Thomas, doyen d’Ely, lui a communiqué l’extrait suivant des archives de cette église.
    liv. s. d.
    Exitus vineti 2 15 3
    Ditto, vineæ 10 12 2
    Dix boisseaux du vin de la vigne 7 6
    Sept pièces du moût de la vigne 15 1
    Vin vendu 1 12
    Verjus 1 7
    Pour du vin de cette vigne 1 2
    Pour verjus de la même 16
    Point de vin fait ; mais du verjus.

    Il résulte clairement de cet extrait, dit M. Pegge, dans une lettre adressée à